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 juni o'leary, famille nombreuse, irlandaise.

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SELWYN
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SELWYN

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Mer 12 Mar - 18:13



+ i swear i was infinite.

« Luanne, va jouer ailleurs tu veux ? » cria  Madame O’Cleary à la petite fille qui obéit sans broncher. Elle jeta un dernier coup d’œil à l’homme qui faisait des choses bizarres avec sa mère dans le lit et fila dans la chambre qu’elle partageait avec ses trois sœurs. Ces dernières, qui jouaient à la poupée ou faisaient leurs devoirs lui lancèrent un regard mauvais. « Dégage Luanne, laisse nous jouer tranquillement ! T’as qu’à aller regarder la télé avec les frères ! » Elle obtempéra une nouvelle fois et alla s’asseoir par terre à côté du canapé, observant avec attention le match de football qui passait sur le petit écran de télévision. « Oh, Lu’ ! s’exclama l’un de ses deux frères, tu vois pas qu’on est entre garçons ? Va embêter maman plutôt ! » Alors la petite fille se releva et alla frapper à la porte de sa mère qui l’envoya balader une nouvelle fois en lui ordonnant d’aller regarder la télé. Elle retourna au salon, et le plus âgé de ses frères lui lança la télécommande dessus en lui hurlant d’aller voir ses sœurs et de les laisser regarder la télé entre hommes. Luanne retourna donc voir ses sœurs qui lui claquèrent la porte au nez en riant. Agacée par ce manque d’intérêt flagrant, l’enfant prit des feuilles et des crayons et décida de s’en aller de la maison. Elle traversa la route comme une grande et s’approcha de la falaise qui surplombait la mer. De la fenêtre de leur chambre, les filles avaient tout le loisir d’observer les vagues déchaînées contre les rochers, mais le voir d’aussi près était un tout autre spectacle. Normalement, Luanne n’avait pas le droit de venir seule et on la disputerait certainement. Elle s’assit au bord et secoua ses petites jambes dans le vide, entreprenant de dessiner ce qu’elle voyait. Il n’y avait que ça qui marchait quand elle était triste : l’art était son échappatoire. Personne ne remarqua son absence, jusqu’à ce que la nuit tombe. Des bras l’enveloppèrent et la soulevèrent de force, la voix de son père la fit sortir de ses pensées. « J’étais mort d’inquiétude Luanne ! Ne pars plus comme ça ! »

Le moins qu’on puisse dire, c’était qu’il n’était pas facile de trouver sa place dans une telle famille. Son père était un homme d’affaire immensément riche qui voyageait toute la semaine et ne rentrait que le week-end. Sa mère ne travaillait pas, il fallait qu’elle s’occupe des enfants. Très belle, elle faisait tourner les têtes et chavirer les cœurs. Elle ne se privait d’ailleurs pas de tromper son mari qui ne soupçonnait absolument pas l’infidélité de celle à qui il avait dit oui pour la vie. Les deux fils étaient les aînés. Ils étaient mignons et sportifs, méprisaient les filles avec qui ils sortaient. Venaient alors les demoiselles : il y avait des jumelles qui passaient leur temps à se faire passer l’une pour l’autre et s’amusaient à rendre les autres dingues grâce à leur petit jeu qui ne faisait rire qu’elles. La troisième fille ne pensait qu’à travailler, travailler, et ne supportait pas qu’on lui adresse la parole. Constamment avec un livre à la main et un stylo derrière l’oreille, elle prenait les gens de haut en prétextant qu’elle, au moins, elle réussirait dans la vie. Et venait enfin Luanne, gamine qui cherchait à attirer l’attention de cette famille blindée de fric et hétéroclite, famille qui n’était ni soudée, ni complice. Les membres de cette famille étaient de parfaits étrangers les uns pour les autres. Personne n’était réellement heureux, chacun étant bercé par une atmosphère de mensonge, d’absence et d’amertume, de corruption et de luxure superficielle. Luanne attendait toujours le retour de son père avec une impatience farouche, car il était le seul à s’intéresser réellement à ce qu’elle faisait, à ce qu’elle apprenait à l’école et à ses activités extrascolaires. Parfois, quand il n’était pas trop fatigué, il l’emmenait faire du manège dans le centre de Dublin ou la laissait courir après les mouettes sur la plage. A côté de ça, il lui permit de prendre des cours de danse et de peinture. Il ramenait tellement d’argent à la maison que tous les enfants pouvaient se permettre de prendre les cours qu’ils voulaient sans que ça se remarque dans le budget. Et en échange, on évitait de lui parler des ébats de sa femme avec les hommes de la ville pour ne pas lui briser le cœur.

L’année de ses douze ans fut un nouveau tournant dans sa vie. Pendant un repas, un samedi soir, le père fit taire ses enfants qui se disputaient, et déclara alors : « J’ai eu une promotion. On déménage. » Oui, là, il avait réussi à instaurer le silence. Ou du moins, quelques secondes seulement car tout à coup, ce fut la panique. Madame O’Cleary fit tomber son verre de vin par terre. Les garçons tambourinèrent sur la table avec leurs poings en faisant la hola pour se moquer de leur mère. Les jumelles se mirent à piailler des questions sur leur destination, d’une voix suraiguë. L’une d’elle donna un coup de pied à Luanne sous la table qui tomba à la renverse et cassa un pied de sa chaise. Et enfin, celle qui travaillait tout le temps se leva et jeta son verre d’eau à travers la table pour que le silence revienne. Elle n’arrivait pas à réfléchir, soit disant. « On va en l’Illinois, expliqua Monsieur O’Cleary, à Chicago. On aura une gigantesque maison là-bas, avec une grande piscine et un grand balcon. Et vous aurez tous votre chambre ! » Ce fut la fête ce soir-là, et chacun imaginait déjà comment serait sa chambre. Mais Luanne, elle, s’assit sur le rebord de la fenêtre et se contenta de regarder dehors. « Tu n’es pas contente ma chérie ? » Elle haussa les épaules et plongea son regard dans le sien. « Quitter l’Irlande, ça me rend un peu triste. Et ça me fais peur, aussi. » leur départ fut prévu deux mois plus tard. Leur vie devint mouvementée : il fallait faire les cartons, aller à l’école, ranger, nettoyer, repeindre, retourner à l’école … Le jour du déménagement, tout le monde était plus excité encore qu’à l’annonce du départ. Luanne enfila une robe blanche et laissa ses cheveux détachés, fit quelques pas sur la plage. Elle entra dans l’eau, profitant pour la dernière fois des caresses de cet endroit qu’elle avait tant aimé. Plus loin, ses frères et sœurs l’insultaient et lui criaient de se dépêcher. Mais leur père les fit taire avec bienveillance. « Apprenez à la comprendre. » dit-il doucement. Luanne remonta sur les roches et observa les vagues qui se déchaînaient contre les rochers sous un ciel menaçant de faire des ravages. C’était la parfaite illustration de ce qu’il se passait dans son cœur : si elle avait eu le courage de le faire, elle aurait sauté pour ne jamais quitter cet endroit. Alors elle fit demi-tour et les rejoint, prête à tourner une page de sa vie.

Leur père ne leur avait pas menti : la maison était incroyablement grande, bien plus que celle déjà massive qu’ils avaient en Irlande. Luanne, bien que nostalgique, sentit pourtant l’excitation la gagner peu à peu. Devant sa mine triste, ses frères et sœurs ne purent se résoudre à lui donner la chambre la plus petite et la plus isolée, de peur qu’elle tombe dans une dépression intense qu’ils auraient sur la conscience. Alors ce fut sa sœur aînée, l’acharnée de travail, qui se sacrifia pour sa « santé mentale ».  Elle les remercia avec un sourire doux et pénétra dans sa nouvelle chambre. La lumière éclairait les murs blancs. Une baie vitrée occupant la quasi-totalité du mur d’en face lui permettait l’accès à un joli petit balcon donnant sur la maison d’en face. Elle s’assit sur le parquet couleur noisette et prit une grande inspiration. C’est alors que son regard fut attiré par une silhouette qui semblait lui faire des signes, dans la maison d’en face. Elle ouvrit la baie vitrée et s’avança timidement sur le balcon. Une fille qui devait à peu près avoir son âge lui fit coucou et s’assit sur la rambarde avec assurance, comme si elle l’avait toujours fait. Ca paraissait dangereux, mais elle s’en moquait totalement. Luanne lui rendit son signe de la main et sourit. « Tu t’appelles comment ? Moi c’est Lou ! » Luanne s’assit à son tour avec une prudence extrême sur le bord du balcon et répondit : « Luanne Opale, mais je préfère juste Luanne. » L’autre éclata de rire et l’irlandaise rougit violemment. « C’est pas drôle ! » s’exclama-t-elle, vexée. « Mais non, c’est juste mignon ! Tu veux de l’aide pour faire ta chambre ? » Elles continuèrent à discuter un moment et Lou finit par la rejoindre pour l’aider. Luanne se dit alors que la situation n’était peut-être pas si désespérée que ça, et que la chance était de son côté. Si elle avait réussi à se faire une amie aussi vite, tout irait bien. Mais elle était loin de se douter qu’au contraire, les choses n’allaient faire qu’empirer. Heureusement, elle aurait un peu de répit avant sa lente descente aux enfers.





+ time waits for no one.

C’était la première fois que Luanne tenait autant à quelqu’un. Lou devint bien plus qu’une simple voisine pour elle, devint le centre de son monde. Cette dernière lui fit visiter le quartier, lui présenta tout le monde au collège. Elles étaient inséparables et quand elles n’étaient pas ensemble, la seule chose que voulait Luanne était d’être avec Lou. « Vous sortez ensemble ou quoi ? » demanda un jour son frère pour plaisanter. Comme le visage de Luanne tourna au rouge vif, tout le monde s’arrêta de parler pour la regarder. « C’est vrai, c’est ta petite amie ?! » s’exclamèrent les jumelles, hilares. « N’importe quoi, dites pas de conneries ! » Mais personne ne comptait en rester là, visiblement. Son père intervint, la sauvant une fois de plus de l’enfer qu’elle vivait chez elle : « Laissez la tranquille, elle fait ce qu’elle veut. Et occupez-vous plutôt de vous, mesdemoiselles les éternelles célibataires ! » rétorqua-t-il à l’adresse des jumelles. Ces dernières partirent dans un fou rire à l’unisson et Luanne en profita pour s’éclipser. Elle se rendit chez Lou pour la nuit. Il était tard et elles ne dormaient pas encore. Elles parlaient depuis des heures, partageaient des rumeurs et autres cancans à propos de ceux qu’elles connaissaient. Luanne déclara d’une voix amusée : « Ma famille croit qu’on sort ensemble. » Comme le silence s’installait entre elle, son cœur se mit à tambouriner dans sa poitrine. « Tu le prends pas mal, hein ? Je les ai pas contredis, mais ça veut rien dire … » Avant qu’elle n’ait eu le temps de dire quoi que ce soit d’autre, Lou s’assit à califourchon sur elle et posa ses lèvres sur les siennes. A cet instant-là, plus rien d’autre ne compta que la douceur et la chaleur que son amie lui procurait, plus rien d’autres ne comptait à part leurs lèvres jointes. Elle pensa d’abord la repousser, mais très vite Luanne approfondit le baiser, passant ses mains dans les cheveux de sa meilleure amie qui se détacha d’elle pour approcher ses lèvres de son oreille. « Tu n’auras pas besoin de le contredire. A partir de maintenant, je veux qu’on sorte ensemble. » Ses lèvres descendirent dans son cou et ses mains passèrent sous son tee-shirt pour caresser sa poitrine. Luanne passa la nuit la plus dingue de sa vie.

Côtoyer cette fille fut certainement la plus grosse erreur de sa vie. Mais à ses côtés, Luanne avait l’impression d’exister, se sentait entière, vivante. Pour la première fois de sa vie, elle avait le sentiment qu’elle était importante pour quelqu’un d’autre que son père. Elle ne rata plus aucune soirée, se mit à boire, à fumer, ne pensa plus qu’au corps de sa petite amie qu’elle voulait contre le sien. Ses notes baissèrent largement, son comportement envers les adultes changea du tout au tout. Ses parents voulurent l’emmener voir un psy, et ce fut la crise à la maison. Enfermée dans sa chambre, elle envoyait balader quiconque essayait de la raisonner. « Vous comprenez rien, comme d’habitude ! » criait-elle en balançant divers objets contre la porte pour qu’ils s’en aillent. En fait, cette situation la faisait grandir autant qu’elle la détruisait : beaucoup. Ce qu’elle pensait être le bonheur n’était qu’une parfaite illusion, Luanne se méprenait totalement. Bientôt, elle fut incapable de passer une soirée totalement sobre et lucide, buvant et fumant diverses substances dont elle ne connaissait pas forcément l’origine. Si Lou lui disait que c’était bien, alors c’était bien. L’amour l’aveuglait totalement, irrémédiablement. L’amour causerait sa perte. Au lycée, elle était passée du statut de la petite nouvelle timide et bizarre à celui de reine de la nuit, qui assume sa bisexualité et sa relation avec la fille la plus canon de l’établissement, le genre de fille qui n’a pas froid aux yeux et qui sait comment divertir les autres. Luanne avait besoin qu’on la considère ainsi, qu’on l’aime, enfin. Un soir, Luanne décida de faire une visite surprise à Lou. Sa mère ouvrit lui lança un sourire gêné et déclara : « Lou n’est pas là, reviens plus tard. » Luanne fronça les sourcils et rentra de force, peu convaincue par les propos de sa mère. Elle grimpa les escaliers. « Luanne, ce n’est pas une bo… » lança-t-elle en bas des marches, mais l’adolescente ne l’écouta pas. Elle ouvrit la porte à la volée et crut que son cœur allait exploser. Lou et son meilleur ami, leur meilleur ami, étaient en train de faire l’amour. Lou sursauta et écarta les yeux. « Luanne, je … » commença-t-elle, visiblement aussi choquée que Luanne. Mais cette dernière fondit en larmes et fit demi-tour, quitta la demeure et fonça dans les rues au hasard.

Au lycée, le lendemain, ce fut un véritable enfer. Lou s’afficha avec un cocard autour de l’œil. Que s’était-il passé dans la chambre, après son départ ? Elle ne voulait pas le savoir, persuadée que leur meilleur ami y était pour quelque chose. Et elle avait le cœur brisé, se sentait sale, trahie, bafouée. On lançait à Luanne des regards dégoutés et mauvais. « T’es un monstre. » ou « T’es dégueulasse. » furent les seuls mots qu’on lui sortit ce jour-là. Tout le monde refusa de manger avec elle et même de lui adresser la parole, si ce n’est pour l’insulter. Elle apprit alors pourquoi on la rejetait : Lou avait raconté que c’était Luanne qui l’avait frappée au visage quand elle avait découvert qu’elle la trompait. Aussi, c’était Lou qui passait pour la victime dans l’histoire, et pas Luanne. Dévastée, elle décida de sécher les cours et rentrer chez elle. « Tu tombes bien. » déclara froidement sa mère, qui lui ordonna de s’asseoir sur le canapé aux côtés de son père. Les jumelles et la troisième sœur ne tardèrent pas à rentrer et s’assirent également. « Votre père a quelque chose d’important à nous dire, visiblement. » L’homme passa ses mains sur son visage, soupira, ouvrit la bouche et la referma. Puis il lança dans un souffle : « Monsieur Sevenwood m'a viré sans explication. Nous n’avons plus d’argent, nous sommes à la rue. » Ces mots tombèrent comme une sentence. Monsieur Sevenwood ... Le père de Lou. Un silence glacial s’installa, chacun essayant d’analyser la situation. Les deux fils avaient leur propre appartement et pourrait les héberger le temps qu’ils trouvent un nouveau logement. Mais c’en était fini des beaux pavillons à la pelouse bien tondue, des piscines et des voitures de sport. Fini. Alors sa mère finit de les achever en concluant : « Je savais bien que t’étais un raté. Démerde-toi avec tes enfants, il y a des tas d’hommes qui seront ravis de m’entretenir. Je m’en vais dès demain. » Luanne se leva lentement, ignorant les questions qu’on lui posait. Elle monta lentement les marches et s’enferma dans la salle de bain. Là, elle ouvrit l’armoire à pharmacie et s’empara d’une lame de rasoir. « Tout est de ma faute ! » s’écria-t-elle pour se donner du courage. Et elle appuya la lame sur son poignet.

Luanne insista pour retourner au lycée. Elle était sortie de l’hôpital et s’ennuyait trop chez ses frères à regarder les gens passer devant la fenêtre ou son père éplucher le journal à la recherche de travail. « Tu es sûre ? » demanda son père, très inquiet. Elle observa le bandage à son poignet et hocha la tête. « Tout ira bien, les choses se seront tassées. » répondit-elle avec un sourire. La vérité, c’était que Luanne ne supportait plus de voir le fruit de son œuvre, ou plutôt celle de Lou. Elle ne supportait plus de voir les yeux de son père briller quand il pensait à sa femme partie près de deux semaines plus tôt, de ses années de travail anéanties. S’ils n’abordèrent jamais le sujet de Lou, Luanne savait très bien que son père savait que tout était à cause d’elle. Elle était persuadée qu’il la détestait et qu’il finirait par craquer et la virer de l’appartement. C’était tout ce qu’elle méritait. Arrivée au lycée, elle comprit qu’elle s’était trompée. Le harcèlement à son égard ne fit qu’accroître. Sur son casier, sur ses tables, on tagguait partout « monstre », « dégage », « c’est bien d’être pauvre ? » ou encore des insultes ou invitations à caractère sexuel. Elle ne se démonta pas, préférant subir ces insultes plutôt qu’abandonner. Ses professeurs la convoquaient à la fin de chaque cours pour savoir comment elle allait, et Luanne répondait toujours que tout allait bien. Ils se contentaient de cette réponse qu’ils savaient fausse, bien trop heureux de ne pas avoir de responsabilités dans cette affaire. Pourtant, un matin, son beau courage fut anéanti quand on désigna son poignet du doigt et que, dans l’hilarité générale, on déclara : « Dommage que tu te sois ratée, tu feras mieux la prochaine fois. » Lou était avec eux, mais elle ne rigolait pas. Elle n’intervint pas pour autant. Luanne lui lança un regard désespéré et supplia : « Dis quelque chose, toi. » Devant son haussement d’épaule et son silence insistant, les rires redoublèrent de plus belle et Luanne ne retourna plus au lycée.

Les jumelles restèrent avec leurs frères, sa sœur aînée obtint une bourse grâce à ses excellents résultats et partit étudier en Europe, à Paris, dans une université réputée. Luanne et son père s’installèrent à Screwdriver Street, le quartier le plus pauvre de la ville. Il lui annonça quelques temps plus tard qu’il rentrait en Irlande, et qu’elle pouvait venir si elle le désirait. Luanne refusa poliment, bien qu’elle soit triste de se retrouver à nouveau seule. Le plus âgé de ses frères lui proposa de s’installer avec lui, ce qu’elle fit. Mais bien vite elle ne se sentit plus à sa place, ayant l’impression d’être en trop. Alors elle chercha dans les petites annonces un ou une colocataire potentiel, préférant ça plutôt que vivre aux crochets de sa famille qui ne tenait pas à elle plus que nécessaire. Elle trouva un job de vendeuse pour payer le loyer de cet appartement miteux, bien décidée à s’en sortir par elle-même. Elle n’aurait jamais la chance d’aller au bout de ses rêves : jamais elle ne ferait d’études. Jamais elle ne deviendrait danseuse ou photographe. Jamais elle n’aurait une famille unie et soudée. Jamais elle ne trouverait sa place. Mais au moins, elle aurait tout fait pour et ne regretterait rien. Au point où elle en était, Luanne n’arrivait même plus à regretter d’être sortie avec Lou, Lou qui avait fait battre son cœur, Lou qui lui avait offert un second souffle, une vie parfaite durant des mois. Peu à peu, le temps passant, elle réussit à reprendre pied. Elle ne perdit pas la mauvaise habitude de s’automutiler, dans les moments où elle était au plus mal. Son colocataire le voyait très bien et des disputes terribles s’en suivaient quand il le remarquait, disputes qui finissaient en larmes. Elle s’endormait dans ses bras, épuisée d’avoir crié et sangloté et il la portait jusqu’à son lit pour qu’elle s’endorme. Ils n’étaient pas très proches, parce qu’il était dépassé par le problème et le courage de Luanne, lui qui avait toujours mené une vie d’une banalité effarante. Mais au moins, quand elle avait besoin, il était là pour elle. Ce ne fut pourtant pas lui qui la guérit totalement.





+ Neverland ? Maybe.


Luanne sautillait joyeusement d’une flaque d’autre à l’autre, s’amusant des petits vagues qu’elle créait. C’était sa première semaine de vacances depuis un an et demi, et elle se sentait bien. Elle en profitait pour faire des choses qu’elle n’avait pas faites depuis des années, des choses simples mais qui lui semblaient merveilleuses en comparaison avec tout ce qu’elle avait vécu. S’amusant comme une enfant, elle ne se rendit pas compte qu’elle rentrait dans quelqu’un. Elle releva la tête vers un garçon qui semblait avoir à peu près son âge et s’excusa. Mais ce garçon, elle était certaine de l’avoir déjà vu. Il était certainement au lycée, quand elle y était encore. « Tu es Luanne O’Cleary, non ? » demanda-t-il. Aucun doute, ils avaient été ensemble au lycée. Du moins il ne pouvait la connaître qu’ainsi. Elle acquiesça, sur la défensive. « Je me souviens de toi, dit-il pensivement, ils se sont bien acharnés sur toi. Tu vas bien maintenant ? » Elle acquiesça encore. Le plus étonnant dans tout ça, c’était qu’il ne se montrait pas méchant comme les autres. Alors pourquoi se souvenait-elle vaguement de lui ? « Tant mieux alors. » conclue-t-il. Il la salua et continua sa route. Elle le regarda partir jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’angle de la rue, intriguée. Puis elle recommença à sautiller dans les flaques. Elle revit le garçon à la boutique où elle travaillait et lui décocha son plus beau sourire. Une belle amitié naquit entre eux. Sa seule présence suffisait à donner le sourire à Luanne qui n’avait pas ressenti ça depuis longtemps. Mais un jour, au cours d’une discussion, le jeune homme lui dit son âge et elle écarquilla les yeux. « Tu as … Seize ans ? » répéta-t-elle, choquée. La jeune fille était clairement en train de tomber amoureuse de nouveau. Mais cette découverte chamboula tout et elle devint distante. Elle ne pouvait pas sortir avec un garçon de seize ans, c’était impossible. En attendant, cette rencontre lui avait fait prendre conscience d’une chose : la vie était trop courte pour penser au lendemain, elle devait profiter de chaque instant.
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juni o'leary, famille nombreuse, irlandaise.

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