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 eliza-oana (forum twilight)

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SELWYN
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SELWYN

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Mer 12 Mar - 17:59

▬ PREMIÈRE BATAILLE CONTRE LES VOLTURI.
« Lâche-le ! MAIS ARRÊTE ! » hurlai-je. Ma voix partait dans les aigus, tant ma frayeur était palpable. Partout autour de moi, c’était le chaos. Des cris. Des supplications. Des bruits de pas précipités, des gémissements, des hurlements, une cacophonie. Les Volturi avaient fait le chemin depuis l’Italie pour nous exterminer, pour devenir les Rois. Jusqu’à maintenant, c’était nous, les roumains, qui régnions sur le monde des vampires. Et en l’espace de quelques heures, tout ce que nous avions bâti s’était effondré. Là, sous mes yeux, Jane Volturi était en train d’user de son don sur mon époux, mon amant, ma raison de vivre. Et là, sous mes yeux, je vis s’éteindre la dernière étincelle de vie dans son regard. Mon monde s’écroula à ce moment-là. Je renversai le garde qui me tenait avec une telle violence que lui-même en parut étonné. Mais qui peut vraiment arrêter une femme, lorsque celle-ci et en colère ou désespérée ? Telle une lionne enragée je me jetai sur la jolie blonde. Avant même d’avoir atteint ma cible, une violente douleur prit possession de mon corps, consuma le peu de volonté qu’il me restait. Une douleur insoutenable, comme si l’on me brûlait vive. Des tâches de couleurs apparaissaient devant mes yeux, je sentais que je perdais peu à peu conscience. Les bruits et les odeurs me paraissaient lointains. Tout me semblait fade en comparaison avec cette souffrance intense. C’est alors qu’un bras puissant m’empoigna et m’entraîna loin de cette sorcière. Plus la distance s’agrandit et plus la douleur s’atténua. « Merci, Vladimidir … » murmurai-je faiblement. Il m’avait sauvée, une fois de plus. Je le laissai me porter jusqu’à ce que je sois en mesure de courir de moi-même. Vladimir, Stefan, le peu de roumains qui restaient et moi prîmes la fuite, laissant les Volturi détruire notre château. Si ils avaient gagné cette bataille, ils n’avaient pas gagné la guerre. Ils avaient pris notre demeure, nos amis, notre famille, nos amours … Mais la paix, ils ne l’auraient jamais tant qu’on serait en vie.

▬ 399; MA NAISSANCE.
« Eliza … » déclara doucement mon père. La mère secoua la tête avec un sourire. « Hun hun. Oana, comme ma mère. » répondit-elle. Froissé, mon père insista : « Non, pourquoi on l’appellerait comme la tienne ? C’est moi l’homme, c’est moi qui décide. Et je décide qu’on l’appellera Eliza. » Pourquoi se battaient-ils pour une raison aussi puérile ? Simplement pour savoir qui du prénom de ma grand-mère maternelle ou paternelle je porterais. C’était un conflit vieux de trente ans entre eux, car à travers le choix du prénom, ils remettaient en cause l’importance de leur propre famille. Qui était plus riche ? Qui était plus beau ? Avant moi ils avaient eu cinq enfants, toujours la même rengaine. Mon père méprisait ma mère car, chaque fois qu’elle avait choisi un nom parmi les siens, il avait fini par mourir. Ainsi deux de mes frères étaient décédés jeunes. « Ta famille est maudite. Ne tue pas me fille. » cracha-t-il sournoisement. « Pourquoi ne l’appellerait-on pas Eliza-Oana ? L’équilibre entre la vie et la mort, l’immortalité. » proposa mon grand frère en riant. Sauf qu’il ne savait pas à quel point il avait raison en disant ça. Dans les bras de ma mère je gazouillai de satisfaction, fêtant avec joie cette promesse d’éternité, ce nom qui me semblait si mélodieux sorti de sa bouche. Nous n’étions pas riches, loin de là. Nous mangions à peine à notre faim et il arrivait qu’il y ait des jours entiers sans que nous n’avalions quoi que ce soit. En l’an 399, la Roumanie était un pays presque désert, abrupte et difficile à vivre. Mais j’étais un bébé robuste et il s’avéra que je réussis à survivre, malgré les obstacles qui se dressaient devant moi comme la lèpre qui ravagea des villages entiers et toucha l’un de mes frères, le plus âgé. Je n’avais qu’une sœur, qui s’occupait généralement de moi quand ma mère n’avait pas le temps. Mais cette dernière quitta cette année-là la maison et ce fut la voisine, une femme n’ayant qu’un fils, qui prit la relève.

▬ J'AURAIS AIME RESTER UNE ENFANT.
Pas une fois au cours de mon enfance je ne me plaignis de mon existence. L’innocence était maître mot de ma vie. Ils avaient beau dire que je devais me préparer à être une femme, leurs paroles ne m’atteignaient pas. Je n’avais pas envie de penser au lendemain alors que je vivais le jour même. Le fils de ma nourrice et moi passions presque tout notre temps ensemble. Il avait quatre ans de plus mais ne semblait pas gêné par notre différence d’âge. J’étais mature d’après lui. Et la fille la plus belle de Sighetu Marmației. En effet, j’étais réputée dans le village pour ma beauté angélique et mes parents avaient reçu un nombre conséquent de demandes en mariage. « Hé, Eliz ! On fait la course ? » demanda Sorin en riant, avant de s’élancer. Je tapai du pieds « C’est pas juste, t’es parti avant que j’aie le temps de répondre ! Tricheur ! » Finis par m’élancer à mon tour, m’enfonçant aveuglément dans la forêt. Mes parents m’avaient formellement interdit d’y entrer car on n’en ressortait pas toujours vivant. Mais peu m’importait, aux côtés de mon ami je n’avais jamais peur. Je faillis tomber à de nombreuses reprises en me prenant le pied dans des racines et des branches fouettaient mon visage, emmêlaient mes cheveux. Nous nous enfoncions toujours plus loin, dépassant les limite du raisonnable. Je l’appelai d’une voix désespérée pour qu’il m’attende. Alors, un peu plus loin devant moi, il se figea. Je n’eus pas le temps de m’arrêter et le percutai de toutes mes forces et ensemble nous dévalâmes le fossé avant de retomber lourdement sur le sol. Ma vision se troubla : je reconnaissais le ciel et la cime des arbres dansant légèrement au rythme du vent. La voix de Sorin était lointaine, comme venue tout droit d’un rêve. Je sentis qu’il m’attrapait par les épaules et me secouait. Quelque chose tomba sur mon visage. Pleurait-il ? Etait-ce de la pluie ? Je passai lentement le revers de ma main dessus. Rouge. Du sang. Je recouvrai alors mes esprits et me redressai vivement. « Ca va ? Tu saignes ! » m’écriai-je. Je tamponnai son arcade avec mes vêtements, inquiète.

Nous essayâmes tour à tour de nous faire la courte échelle mais rien n’y fit : nous étions coincés et la nuit tombée. Je relevai mes genoux sur ma poitrine et les entourai de mes bras d’enfant, tremblante. Sorin vint s’asseoir à côté de moi et passa un bras autour de mes épaules pour me rassurer. Comment pouvait-il se montrer aussi mature et calme dans une situation pareille ? Il n’avait que treize ans ! Je me serrai contre lui. « Je suis désolée, c’est de ma faute si on est là … » me lamentai-je. Il balaya ma remarque d’un geste de la main et posa son front contre ma tempe. « Tu me fais une promesse ? » lança-t-il joyeusement en pointant son index vers moi. J’enroulai le mien autour du sien, comme nous avions l’habitude de le faire quand nous nous promettions monts et merveille. « Si on s’en sort vivants, je veux que tu sois ma femme. » Mes yeux s’écarquillèrent et je rougis violemment, le fixant comme si je cherchais quelconque trace de blague mais Sorin était bel et bien sérieux. J’éclatai de rire et hochai la tête, en me blotissant dans ses bras pour dormir. A ses côtés j’étais immortelle, invincible. Dans ses bras, rien ne pouvait m’arriver. « Je t’aime Sorin. » dis-je avant de sombrer dans les bras de Morphée. Nous regagnâmes le village à l’aube, quand nous vîmes suffisamment pour nous orienter. Au lieu de l’accueil chaleureux que j’avais espéré, mon père abattit sa main sur ma joue avec une telle violence que je crus que ma tête se décrochait. « Je t’interdis de le revoir, tu m’entends ? Je vais aller dire deux mots à sa mère d’ailleurs ! » hurla-t-il. J’eus beau le supplier, rien n’y fit. Dans les jours qui suivirent, je ne vis Sorin que de loin. Il avait de nombreuses marques sur le visage et j’espérai sincèrement que ce ne soit pas à cause de moi. Nous ne nous adressâmes plus la parole pendant plusieurs mois, les plus longs de ma vie. J’avais le cœur en miettes.

▬ L'ADOLESCENCE ET MON MARIAGE ARRANGE.
Certains s’enlaidissent en grandissant, d’autres s’embellissent. Ce fut mon cas. De beauté angélique je devins la femme la plus belle du village. Bientôt, je fus en âge de me marier. Normalement, j’aurais dû l’être bien plus tôt mais l’engouement qu’avaient les hommes pour moi repoussèrent l’échéance. En effet mes parents attendirent d’avoir le plus de propositions possible pour être sûr d’accepter la meilleure, celle qui permettrait de vivre correctement jusqu’à ma mort mais par-dessus tout jusqu’à la leur. Comme mes cinq frères s’étaient mariés, les festivités avaient coûté une somme incroyable à une famille pauvre comme la nôtre. Cette situation me tuait à petit feu : si j’avais pu me laisser mourir pour échapper à ce mariage forcé, je l’aurais fait. Ma vie commençait à peine : j’étais jeune, belle, pleine de vie, prête à gravir des montagnes et faire de grandes choses. Mais non, j’allais épouser un homme plus vieux, faire une portée de gosse dont la moitié terminerait sous la terre et je mourrai à l’âge de quarante ans d’une horrible maladie. Voilà la vie qui m’attendait. Excitant, non ? Les mois qui précédèrent les noces je profitai un maximum de la liberté qu’on ne tarderait pas à m’arracher. Je rencontrai celui qu’on m’avait promis : un homme d’une trentaine d’année avec un ventre proéminent, des cheveux hirsutes et une face porcine. Il sentait l’urine et le bétail et il lui manquait une dent. C’était un homme assez influent ici pourtant, car c’était lui qui possédait le plus de terres et le plus gros bétail. Je m’échappais la nuit en secret pour retrouver Sorin. Depuis peu nous nous voyions de nouveau et nous avions envie de rattraper tout le temps perdu. J’enroulai mes bras autour de son cou et déposai mes lèvres sur les siennes dans un élan passionné. Comme chaque fois que nous nous voyions, nous fîmes l’amour. « Je ne supporterais pas de te savoir dans ses bras. » souffla-t-il. Je lâchai un petit rire amer. « Alors empêche le de me toucher. Sauve-moi. » Il acquisça et répondis d'une voix douce : « Je sais ce que je vais faire. Tu ne l'épouseras pas. »

Le jour de mon mariage arriva pourtant. On m’affubla d’une longue robe blanche et marron, la même qu’avait portée ma sœur le jour de ces noces. Assise sur le tabouret en bois, j’attendis patiemment que cette dernière me coiffe en grattant la table avec mes ongles dans un bruit horrible. Elle finit par taper du pied, agacée. Un tic familial. « Tu peux arrêter une minute Eliza ?! Ça me rend folle ! » J’haussai les épaules et gémis lamentablement. « Je vais m’échapper, Tatia. Je ne supporterai pas d’épouser ce porc. » Elle laissa tomber la brosse et la ramassa, avant de reprendre ses mouvements. « Qu’est-ce que tu racontes voyons ? Tu as dix-sept ans, c’est déjà incroyable qu’un homme veuille encore de toi à ton âge. » J’éclatai d’un rire cristallin. « Arrête, j’ai tous les hommes que je veux ! » Tatia se mit à rire aussi, plus discrètement. Elle m’avait fait une longue tresse un peu large dans laquelle elle avait emmêlé des fleurs et des rubans de soie. « Tu es magnifique Eliza. Si tu dois t’enfuir, pars. Mais fais attention à toi. » Je la serrai dans mes bras et l’embrassai. La vérité, c’était que je n’irais nulle part. Sorin avait disparu de la circulation et je ne l’avais plus revu depuis cette fameuse nuit où il avait promis de m’aider. Il avait certainement quitté la ville, m’abandonnant lâchement à mon sort. Je tenterai de m’enfuir seule, mais je n’avais aucune chance de m’en sortir vivante. Alors j’espérais qu’un miracle me sauve, un miracle ou quelqu’un. Je n’avais pas perdu l’espoir que Sorin débarque d’une minute à l’autre pour m’enlever. Je m’avançai lentement, tête basse. Mon fiancé semblait jubiler, comme en proie à une agitation physique et mentale dont je ne voulais savoir la cause. Au moment même où le prêtre allait nous déclarer mari et femme, un raclement de gorge puissant vint du fond de l’assistance. Je n’eus pas besoin de me retourner pour savoir qu’il s’agissait de Sorin. Je souris et tournai la tête vers lui mais mon sourire, je le perdis bien vite.

▬ FUITE ET DÉCOUVERTE DU MONDE SURNATUREL.
Quelque chose n’allait pas. C’était Sorin, mais il était différent. Déjà séduisant de nature, sa beauté dépassait tout ce qu’il m’avait été donné de voir. Une beauté à couper le souffle. Tout le monde sembla aussi étonné que moi, bouché bée. Il s’approcha de moi avec une grâce infinie et fascinante, avant de prendre ma main. Sa peau était glacée et je frémis. Ses yeux étaient d’un rouge de sang, obsédants, entêtants. Je ne posai pas de questions, me contentant de le suivre. Il m’entraîna à sa suite, un peu trop rapidement pour mes pauvres jambes qui ne pouvaient suivre son rythme. Derrière nous, ce porc d’homme que j’aurais du épouser hurlait : « Hé revenez ! » Il tomba dans la boue et tendit sa grosse main vers nous, enragé. « Il a vraiment l’air d’un cochon qui se roule dans la boue. » dit Sorin en riant. Quand nous fûmes assez loin et que nous ne vîmes plus personne il s’arrêta et je me courbai en deux, essoufflée. J’éclatai de rire. « C’était incroyable ! Comment tu as fait ça ? » Il releva mon menton avec ses doigts et planta son regard dans le mien. « J’ai changé mon amour. Je t’ai promis de t’aider et celui que j’étais aurait été incapable de le faire. » Je caressai sa main et fermai les yeux. « Tu es tellement parfait. » Mais bientôt, nous fûmes encerclés. Plusieurs hommes et femmes encapuchonnées nous fixaient avec sérieux ou avec un sourire. Sorin se recula et sourit à son tour. « Eliza, je te présente ceux grâce à qui tu vas mener l’existence que tu as toujours rêvée de mener. » Je frissonnai et les regardai tour à tour. Ils rivalisaient en beauté, en majesté. L’un d’eux finit par s’approcher de moi, brisant le silence gênant qui perdurait dans la clairière. « Ah, cette fameuse Eliza Oana … Ton compagnon nous a supplié de l’aider, et de t’aider par la même occasion. Ce sera un plaisir d’avoir une femme aussi charmante à nos côtés. Je m’appelle Vladimir, et voici Stefan, Iona … »

A leurs côtés, j’appris à voir la vie sous un jour nouveau. Ils m’emmenèrent dans leur château et je découvris que nous n’étions pas seuls sur terre. Les vieilles légendes avaient raison, les créatures de la nuit existaient bel et bien. Mais contrairement à ce qu’on disait, elles étaient plus belles que quiconque, plus fortes et avaient des dons incroyables. Assise sur une table en bois, j’observai avec intérêt farouche l’une d’elle qui semblait à peine plus âgée que moi danser pour eux, laissant échapper des traînées de feu de ses mains. Un autre encore était capable de se rendre invisible et s’amusait à apparaître et disparaître pour me rendre folle. Parfois il arrêtait de bouger et je le heurtais de plein fouet. Si vous saviez comme c’est étrange de se prendre quelque chose d’invisible ! C’était honte et ridiculisée que je tombais sur les fesses, devant le regard bienveillant de ceux que je considérais comme ma nouvelle famille. Des vampires. Des tueurs, des buveurs de sang. Mais une famille si soudée, si joyeuse ! Jamais au cours de mon existence je n’aurais pu rêver mieux, ils étaient ceux que j’avais toujours attendus. Sorin ne me touchait plus, craignant de me briser. Mais peu importait pour l’instant, car j’étais à ses côtés. « Ma chère Eliza, tu ne vas pas pouvoir rester humaine éternellement, m’expliqua un jour Vladimir, il est très difficile pour nous de vivre avec toi. Comprend nous, l’odeur de ton sang est une véritable torture. » Pour la première fois en un mois, je me rendis compte que je n’avais pas envisagé la possibilité de changer quoi que ce soit. Je vivais un rêve éveillé et il m’avait semblé que ça aurait pu durer des siècles ainsi. « Je ne veux pas partir, m’exclamai-je, je t’en supplie Vladimir ! Je n’ai nulle part où aller … » Il rit un instant et tapota ma tête. « Je ne te parle pas de partir, mais de devenir un vampire toi aussi. » J’ouvris la bouche pour répondre mais aucun son n’en sortit.

▬ MA SECONDE NAISSANCE. PREMIERS PAS D'UNE NEWBORN.
Allongée sur mon lit, je tentai de me détendre. Je fixai la femme pour me rassurer et elle caressait ma joue avec bienveillance. Elle m’expliqua que la transformation durerait plusieurs jours, les plus horribles de ma vie. Elle ne chercha pas à me cacher que la douleur était insupportable pour que je n’aie pas de mauvaises surprises. Je la remerciai en pressant sa main dans la mienne, paniquée. « Ca va aller. Sorin et vous pourrez vivre ensemble pour l’éternité. » Je me mordis la lèvre. « Iona, vous croyez qu’il m’aimera encore ? » Elle partit dans un grand rire et approcha ses lèvres de mon oreille, déclarant qu’il m’aimerait plus que jamais. Je dégageai mes cheveux et pris une grande inspiration, résolue. J’aurais aimé que ce soit lui qui s’en occupe mais sa soif de sang était encore trop instable et il risquait de me tuer. Elle embrassa un instant ma peau en signe de courage et je fermai les yeux. Alors ses crocs se plantèrent dans ma chair et je poussai un gémissement de douleur. Tandis qu’elle buvait mon sang, mon cœur fut pris de convulsions et je me tortillai en serrant les couvertures du lit entre mes poings. J’étais incapable de parler, de la supplier de faire quelque chose. Comment allais-je pouvoir supporter ça pendant plusieurs jours ? Je ne pouvais plus faire machine arrière, juste crier et attendre que ça passe, subir ce fléau. Il n’était pas humainement possible de supporter ça … Ça allait me tuer ! Oui, ça allait vraiment me tuer. Cette souffrance serait le dernier souvenir de ma vie d’humaine. Dans quelques heures, je serais forte et belle, je tuerais des hommes, je serais immortelle. Je tentai de me divertir malgré la douleur, repensant à certains passages de ma vie. A tous les moments de bonheur que j’avais partagés avec ma famille, à mes promenades dans la forêt, mes discussions avec mes amies prêt de la rivière, aux yeux bleus de ma sœur, à une chanson que chantait Sorin quand j’avais peur, à l’odeur des fleurs au printemps, au nuages qui défilaient portés par le vent. Au moment où le poison prit possession de cœur, la douleur disparut. J’étais morte, et je me sentais plus en vie que jamais.

Quand j’ouvris de nouveau les yeux, je n’étais pas seule dans la pièce. Sorin était appuyé contre le mur, me fixant avec un sourire non dissimulé bien que quelque peu inquiet. Je levai mes mains à hauteur de mon visage, observai avec attention ma peau pâle. Les passai alors sur mon visage et dans mes cheveux. Il me semblait que mes traits s’étaient encore affinés, mes cheveux adoucis, alourdis. Je posai gracieusement un pied par terre puis l’autre, faisant quelques pas peu assurés. Tout avait une dimension différente quand on était un vampire. J’étais capable de voir le moindre grain de poussière, de capter les bruits alentours, même les plus infimes. Même mon odorat s’était décuplé. « C’est incroyable … » murmurai-je. Incroyable, fantastique, inimaginable, il n’y avait pas d’autres mots pour décrire ça. Je relevai vivement la tête vers Sorin qui eut un mouvement de recul et je m’élançai vers lui, me jetant dans ses bras. « Outch. » dit-il seulement. Je reculai et le fixai en fronçant les sourcils. « Quoi, sérieusement ? Je peux vraiment te battre en combat singulier, maintenant ? » demandai-je. Il esquissa un sourire contrit et hocha la tête. J’allais lui dire que je l’aimais et le couvrir de compliments, lorsqu’une douleur violente me saisit à la gorge. Je la serrai dans ma main et lançai un regard affolé à mon amant qui ouvrit la porte. « Viens, il faut que tu te nourrisses. » Je refusai de tuer qui que ce soit mais mon instinct fut plus fort que ma volonté de faire le bien autour de moi. Une fois rassasiée, je serrai la mâchoire et m’éloignai de la scène de meurtre, essuyant du revers de ma main le sang qui coulait sur mon menton. On m’emmena voir Stefan et Vladimir, pour qu’ils puissent contempler le résultat. Arrivés devant eux, je pris la main de Sorin dans la mienne. Aussitôt je ressentis une sensation étrange. Je n’aurais su dire ce qu’il venait de se passer. « Deux traits … » déclarai-je, les yeux écarquillés.

▬ OU COMMENT HAÏR L’IMMORTALITÉ.
Après maintes hypothèses, réflexions et débats, nous finîmes par comprendre que mon don servait à évaluer la puissance de celui des autres. Ainsi mon amant avait un pouvoir et nous ne le savions même pas. Il ne paraissait pas très développé, pour n’avoir que deux barres sur dix. On me fit évaluer celui de chacun au château, mais le résultat n’excéda pas les cinq barres sur dix, ce qui me sembla être un très bon niveau déjà. A ce moment-là, je ne savais pas encore que j’aurais un jour à faire à une huit sur dix qui détruirait mon univers, détruirait tout sur son passage : Jane Volturi. L’immortalité était emplie de promesses et j’avais des milliers de choses à faire sur Terre, à commencer par le voyage. Durant un siècle nous quittâmes les Plovosky pour faire le tour du monde, leur promettant de revenir. Sorin et moi rencontrâmes des vampires venus de partout et d’ailleurs, des loup-garous, des humains extraordinaires … Nous vécûmes notre amour librement et rien ne pouvait nous séparer. Très fusionnels, nous n’avions pas besoin de mots pour nous comprendre quand un regard suffisait. « Eliza … » commença-t-il un jour. Je posai un doigt sur ses lèvres et acquiesçai. « Oui je sais. On rentre. » terminai-je sereinement. Si je n’avais pas grandi physiquement durant ces cents dernières années, j’avais par contre mûri. J’étais devenue adulte et juste, bien que je garde au fond une âme d’enfant. J’aimais découvrir, apprendre, je m’émerveillais d’un rien et par-dessus tout j’aimais faire la fête. Auprès des Plovosky j’avais tout ce que je voulais. A mesure que nous approchions du château, nous fûmes assaillis par un mauvais pressentiment. Nous hâtâmes le pas, angoissés. Et nous n’avions pas tort, car le château était à feu et à sang. Nous défonçâmes les portes et pénétrâmes dans la grande salle où était en train de se dérouler le carnage. Parmi eux je reconnus Aro Volturi, Aro le vampire d’Italie, accompagné de ses frères Caïus et Marcus.

Le temps qu’on réalise ce qui était en train de se passer, deux vampires saisirent Sorin. Je me jetai sur l’un des deux – une femme - pour aider mon amant et époux car nous nous étions mariés. « Ne jamais toucher Sorin devant moi ! » dis-je avec un sourire carnassier tandis que nous heurtions le sol et roulions plus loin. Mais un autre saisit Sorin qui se débattait en criant et une autre s’approcha de lui. Elle avait l’air d’une enfant, ce qui la rendait d’autant plus terrifiante. En fait, elle semblait à peine plus jeune que moi. Aussitôt l’homme que j’aimais tomba à terre, le souffle coupé. Jane était en train de le tuer. Il planta une dernière fois son regard dans le mien et ses lèvres esquissèrent un « Je t’aime Eliza. » avant que l’un de ses bourreaux le décapite devant mes yeux. La suite se passa très vite, bien trop vite à mon goût. Jane me tortura à mon tour et Vladimir réussit à m’emmener avec les fuyards alors que j’hurlai de douleur. Nous nous réfugiâmes dans une maison loin du château qui avait appartenue à l’un des membres du clan, avant qu’il ne soit transformé. Par chance il ne l’avait pas cédée, aimant venir y réfléchir dans les moments de doute. Les heures qui suivirent furent les pires de notre vie : nous avions tout perdu. Tout. Personne ne réussit à me toucher ni me parler pendant un moment. Je déchaînais ma colère sur quiconque ne me laissait pas m’enfoncer dans ma tristesse. Sorin était mort. Mort. Mort. Ce mot se propageait comme un écho dans mon âme. Mort. Mort. Les Volturi l’avaient tué. Je levai les chaises au-dessus de ma tête et les jetai à travers la pièce, brisai la table d’un simple cou de poing, massacrai la cheminée qui s’effondra. Alors Vladimir me serra dans ses bras et je me laissai aller, poussant des gémissements désespérés qui s’approchaient davantage de l’animosité que l’humanité. « On a tous perdu beaucoup ce soir Eliza. Mais on se vengera, je te le promets. Pour Sorin, et pour tous les autres. » Comment imaginer vivre pour l'éternité sans celui que j'aimais ? Je m'accrochai aux vêtements de Vladimir.

▬ SE RECONSTRUIRE APRÈS UNE DÉFAITE.
Seul le temps guérit ma peine. Folle de rage, dévastée, je devins incontrôlable. Mon désir de les tuer les uns après les autres ne fit qu’accroître. Jamais je n’oublierais Sorin, jamais. Personne ne pourrait prendre sa place dans mon cœur. J’avais envie de souffrir pour l’éternité, peu importait tant que son souvenir vivait à mes côtés. Il serait mon courage quand je me tiendrais face aux Volturi, ma force quand je me jetterais sur eux. Il serait ma volonté, mon emblème, mon âme. Au nom de Sorin Plovosky je détruirais tout sur mon passage, réduirait en cendre ceux qui avaient osé lui ôter la vie. J’avais une telle soif de vengeance que plus personne ne m’approcha pendant un moment. Pourtant, le temps m’apaisa. Je gardai cette rage dans un coin de mon esprit, m’efforçant d’avancer. Le dernier cadeau que mon époux m’avait offert était l’immortalité et j’allais l’honorer : hors de question de mourir. Quand je me sentis suffisamment stable psychologiquement, je me présentai devant ceux qui resteraient, à mes yeux et pour l’éternité, les rois du monde des vampires. Ils me sourirent avec bienveillance, sourire que je leur rendis. Depuis combien de temps n’avais-je pas souri ? Cent ans ? Deux cents ? Cinq cents ? Voilà bien longtemps que je n’avais plus conscience du temps qui passait, aveuglée par ma douleur. Je me balançai un peu d’avant en arrière, gênée. « Désolée pour les soucis causés. » finis-je par dire. Stefan balaya ma remarque d’un haussement d’épaule. Iona, debout à ses côtés, s’approcha de moi et m’enlaça. « Il n’y a rien de plus douloureux que de perdre la personne qu’on aime. Et ça fait de toi une guerrière redoutable, aujourd’hui. » Je hochai la tête. « On les aura tous, jusqu’au dernier. Et vous, Stefan et Vladimir, vous récupérerez la place qui vous est due. C’est vous les Rois, pas Aro Volturi, par Marcus, pas Caïus. Les Roumains ont toujours été les Rois et il en sera ainsi pour l'éternité. » Vladimir frappa dans ses mains. « J’adore cette petite ! » lança-t-il et je me mordis la lèvre, amusée. J’allais faire de ma souffrance ma force.

Ce qu’il y avait de fascinant quand on était immortel, c’était d’assister à l’évolution de la société. Je travaillai un moment avec des architectes qui me montrèrent comme bâtir des cathédrales, m’intéressai aux progrès de la science, de l’astronomie. J’en appris plus sur les différentes religions, sur les guerres romains et grecques, découvris avec un plaisir incommensurable l’antiquité antique. J’eus la chance de côtoyer des philosophes, des hommes de lettre et de pouvoir. En parallèle, je m’entraînai sans cesse au combat avec les autres pour être fin prête à me battre le jour J. J’aimais ma vie. A certains moments elle me semblait fade, vide. Dans ces moments-là je fermais les yeux et je voyais son visage, ses lèvres qui s’étiraient en un sourire provocateur. Il me disait qu’il ne m’abandonnerait jamais. Alors je rouvrais les yeux et j’avançais. Je fus présente lors de la création de la première voiture, du décollage du premier avion, présente lors des guerres humaines auxquels je participai parfois, présente lors de l’invention de l’électricité, de la radio, la télévision, l’ordinateur, présente lors de l’abolition de la peine de mort en Europe, présente en Mai 68, présente lors de la chute du mur de Berlin. Comment pouvait-on s’ennuyer ? La vie était tellement passionnante, réservait tant de surprises. J’aurais aimé que Sorin connaisse ça. J’aurais aimé qu’il tienne ma main, qu’il rit avec moi, j’aurais aimé verser des larmes de joie pour qu’il les essuie. J’aurais aimé que ma sœur Tatia soit là aussi. J’aurais aimé qu’elle voit à travers mes yeux écarlates la joie que m’avait procurée ma fuite, ce que j’avais vécu, que la vie d’une femme ne s’arrêtait pas à son mariage. Je n’avais aucun regrets, je menais ma vie comme je l’entendais. C’était si bon de vivre. « Eliza ! Eliza ! Vladimir et Stefan sont partis ! » cria Iona tandis que je rentrais au château. Je revenais d’un voyage en France. Je laissai tomber mon sac et fronçai les sourcils. « Qu’est-ce que tu racontes ? Comment ça, ils sont partis ? » Elle se tordit nerveusement les mains. « Ils vont affronter les Volturi, aux Etats-Unis. Ils ont entendu dire que la famille Cullen avait des différends avec eux et … » Je la stoppai net. « Et ils sont partis sans moi. » conclus-je froidement.

▬ 2012; 1613 ANS PLUS TARD, ELIZA OU LA RAGE DE VAINCRE.
Je regrettai que les Volturi n’aient pas été anéantis une bonne fois pour toute, mais finalement ce n’était pas si mal. Au moins je serais là quand ça arriverait. Quand Vladimir et Stefan rentrèrent je n’eus même pas le courage de les insulter comme je m’étais préparée à le faire, tant leur air dépité me fit de la peine. « Il n’y a même pas eu d’affrontement. » dit Stefan en se laissant tomber dans son fauteuil. Je croisai les bras, amusée. « Ça vous apprendra à partir à la chasse aux Vovo sans moi. » J’avais décidé cette année d’aller au lycée, chose que je n’avais encore jamais faite. Jusqu’à présent, j’avais appris par moi-même ou par l’intermédiaire des autres. Chacun partageait avec moi ses connaissances et c’était une manière comme une autre d’apprendre. Mais j’avais également envie de tenter cette expérience. Si ça ne me plaisais pas, je n’avais qu’à arrêter. Le seul hic, c’était les lentilles de contact qui me faisaient mal aux yeux. Je ne pouvais sciemment pas y aller avec mes yeux rouges si je ne voulais pas effrayer tout le monde. « Tu veux que je t’aide à faire tes devoirs, ma petite Eliza ? » me taquine Iona. Je la bousculai en lui tirant la langue. La jeune femme était devenue ma meilleure amie : sans elle j’aurais pété les plombs. Evidemment j’obtenais les meilleures notes sans effort, séchai les cours de sport et les visites médicales, veillai à couvrir ma tête quand il y avait trop de soleil. Je m’étais fait des tas de copains avec qui je passais des moments agréables bien que je ne puisse pas passer trop de temps en leur compagnie à cause de l’odeur de leur sang qui m’émoustillait. « Fais la maligne, Io. En attendant, mon prof de mathématique est pas mal du tout. » Elle me bouscula à son tour. « Fais gaffe, t’as presque l’air humaine. » Je pris un air faussement choqué. « Humaine, moi ? Plutôt mourir que d’être humaine. L’éternité est si belle. »
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Mer 12 Mar - 17:59

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[justify][b]▬ PREMIÈRE BATAILLE CONTRE LES VOLTURI.[/b]
[color=#b55555]« Lâche-le ! MAIS ARRÊTE ! »[/color] hurlai-je. Ma voix partait dans les aigus, tant ma frayeur était palpable. Partout autour de moi, c’était le chaos. Des cris. Des supplications. Des bruits de pas précipités, des gémissements, des hurlements, une cacophonie. Les Volturi avaient fait le chemin depuis l’Italie pour nous exterminer, pour devenir les Rois. Jusqu’à maintenant, c’était nous, les roumains, qui régnions sur le monde des vampires. Et en l’espace de quelques heures, tout ce que nous avions bâti s’était effondré. Là, sous mes yeux, Jane Volturi était en train d’user de son don sur mon époux, mon amant, ma raison de vivre. Et là, sous mes yeux, je vis s’éteindre la dernière étincelle de vie dans son regard. Mon monde s’écroula à ce moment-là. Je renversai le garde qui me tenait avec une telle violence que lui-même en parut étonné. Mais qui peut vraiment arrêter une femme, lorsque celle-ci et en colère ou désespérée ? Telle une lionne enragée je me jetai sur la jolie blonde. Avant même d’avoir atteint ma cible, une violente douleur prit possession de mon corps, consuma le peu de volonté qu’il me restait. Une douleur insoutenable, comme si l’on me brûlait vive. Des tâches de couleurs apparaissaient devant mes yeux, je sentais que je perdais peu à peu conscience. Les bruits et les odeurs me paraissaient lointains. Tout me semblait fade en comparaison avec cette souffrance intense. C’est alors qu’un bras puissant m’empoigna et m’entraîna loin de cette sorcière. Plus la distance s’agrandit et plus la douleur s’atténua. [color=#b55555]« Merci, Vladimidir … »[/color] murmurai-je faiblement. Il m’avait sauvée, une fois de plus. Je le laissai me porter jusqu’à ce que je sois en mesure de courir de moi-même. Vladimir, Stefan, le peu de roumains qui restaient et moi prîmes la fuite, laissant les Volturi détruire notre château. Si ils avaient gagné cette bataille, ils n’avaient pas gagné la guerre. Ils avaient pris notre demeure, nos amis, notre famille, nos amours … Mais la paix, ils ne l’auraient jamais tant qu’on serait en vie.

[b]▬ 399; MA NAISSANCE.[/b]
[color=green]« Eliza … »[/color] déclara doucement mon père. La mère secoua la tête avec un sourire. [color=blue]« Hun hun. Oana, comme ma mère. »[/color] répondit-elle. Froissé, mon père insista : [color=green]« Non, pourquoi on l’appellerait comme la tienne ? C’est moi l’homme, c’est moi qui décide. Et je décide qu’on l’appellera Eliza. »[/color] Pourquoi se battaient-ils pour une raison aussi puérile ? Simplement pour savoir qui du prénom de ma grand-mère maternelle ou paternelle je porterais. C’était un conflit vieux de trente ans entre eux, car à travers le choix du prénom, ils remettaient en cause l’importance de leur propre famille. Qui était plus riche ? Qui était plus beau ? Avant moi ils avaient eu cinq enfants, toujours la même rengaine. Mon père méprisait ma mère car, chaque fois qu’elle avait choisi un nom parmi les siens, il avait fini par mourir. Ainsi deux de mes frères étaient décédés jeunes. [color=green]« Ta famille est maudite. Ne tue pas me fille. »[/color] cracha-t-il sournoisement. [color=salmon]« Pourquoi ne l’appellerait-on pas Eliza-Oana ? L’équilibre entre la vie et la mort, l’immortalité. »[/color] proposa mon grand frère en riant. Sauf qu’il ne savait pas à quel point il avait raison en disant ça. Dans les bras de ma mère je gazouillai de satisfaction, fêtant avec joie cette promesse d’éternité, ce nom qui me semblait si mélodieux sorti de sa bouche. Nous n’étions pas riches, loin de là. Nous mangions à peine à notre faim et il arrivait qu’il y ait des jours entiers sans que nous n’avalions quoi que ce soit. En l’an 399, la Roumanie était un pays presque désert, abrupte et difficile à vivre. Mais j’étais un bébé robuste et il s’avéra que je réussis à survivre, malgré les obstacles qui se dressaient devant moi comme la lèpre qui ravagea des villages entiers et toucha l’un de mes frères, le plus âgé. Je n’avais qu’une sœur, qui s’occupait généralement de moi quand ma mère n’avait pas le temps. Mais cette dernière quitta cette année-là la maison et ce fut la voisine, une femme n’ayant qu’un fils, qui prit la relève.

[b]▬ J'AURAIS AIME RESTER UNE ENFANT.[/b]
Pas une fois au cours de mon enfance je ne me plaignis de mon existence. L’innocence était maître mot de ma vie. Ils avaient beau dire que je devais me préparer à être une femme, leurs paroles ne m’atteignaient pas. Je n’avais pas envie de penser au lendemain alors que je vivais le jour même. Le fils de ma nourrice et moi passions presque tout notre temps ensemble. Il avait quatre ans de plus mais ne semblait pas gêné par notre différence d’âge. J’étais mature d’après lui. Et la fille la plus belle de Sighetu Marmației. En effet, j’étais réputée dans le village pour ma beauté angélique et mes parents avaient reçu un nombre conséquent de demandes en mariage. [color=purple]« Hé, Eliz ! On fait la course ? »[/color] demanda Sorin en riant, avant de s’élancer. Je tapai du pieds [color=#b55555]« C’est pas juste, t’es parti avant que j’aie le temps de répondre ! Tricheur ! »[/color] Finis par m’élancer à mon tour, m’enfonçant aveuglément dans la forêt. Mes parents m’avaient formellement interdit d’y entrer car on n’en ressortait pas toujours vivant. Mais peu m’importait, aux côtés de mon ami je n’avais jamais peur. Je faillis tomber à de nombreuses reprises en me prenant le pied dans des racines et des branches fouettaient mon visage, emmêlaient mes cheveux. Nous nous enfoncions toujours plus loin, dépassant les limite du raisonnable. Je l’appelai d’une voix désespérée pour qu’il m’attende. Alors, un peu plus loin devant moi, il se figea. Je n’eus pas le temps de m’arrêter et le percutai de toutes mes forces et ensemble nous dévalâmes le fossé avant de retomber lourdement sur le sol. Ma vision se troubla : je reconnaissais le ciel et la cime des arbres dansant légèrement au rythme du vent. La voix de Sorin était lointaine, comme venue tout droit d’un rêve. Je sentis qu’il m’attrapait par les épaules et me secouait. Quelque chose tomba sur mon visage. Pleurait-il ? Etait-ce de la pluie ? Je passai lentement le revers de ma main dessus. Rouge. Du sang. Je recouvrai alors mes esprits et me redressai vivement. [color=#b55555]« Ca va ? Tu saignes ! »[/color] m’écriai-je. Je tamponnai son arcade avec mes vêtements, inquiète.

Nous essayâmes tour à tour de nous faire la courte échelle mais rien n’y fit : nous étions coincés et la nuit tombée. Je relevai mes genoux sur ma poitrine et les entourai de mes bras d’enfant, tremblante. Sorin vint s’asseoir à côté de moi et passa un bras autour de mes épaules pour me rassurer. Comment pouvait-il se montrer aussi mature et calme dans une situation pareille ? Il n’avait que treize ans ! Je me serrai contre lui. [color=#b55555]« Je suis désolée, c’est de ma faute si on est là … »[/color] me lamentai-je. Il balaya ma remarque d’un geste de la main et posa son front contre ma tempe. « Tu me fais une promesse ? » lança-t-il joyeusement en pointant son index vers moi. J’enroulai le mien autour du sien, comme nous avions l’habitude de le faire quand nous nous promettions monts et merveille. [color=purple]« Si on s’en sort vivants, je veux que tu sois ma femme. »[/color] Mes yeux s’écarquillèrent et je rougis violemment, le fixant comme si je cherchais quelconque trace de blague mais Sorin était bel et bien sérieux. J’éclatai de rire et hochai la tête, en me blotissant dans ses bras pour dormir. A ses côtés j’étais immortelle, invincible. Dans ses bras, rien ne pouvait m’arriver. [color=#b55555]« Je t’aime Sorin. »[/color] dis-je avant de sombrer dans les bras de Morphée. Nous regagnâmes le village à l’aube, quand nous vîmes suffisamment pour nous orienter. Au lieu de l’accueil chaleureux que j’avais espéré, mon père abattit sa main sur ma joue avec une telle violence que je crus que ma tête se décrochait. [color=green]« Je t’interdis de le revoir, tu m’entends ? Je vais aller dire deux mots à sa mère d’ailleurs ! »[/color] hurla-t-il. J’eus beau le supplier, rien n’y fit. Dans les jours qui suivirent, je ne vis Sorin que de loin. Il avait de nombreuses marques sur le visage et j’espérai sincèrement que ce ne soit pas à cause de moi. Nous ne nous adressâmes plus la parole pendant plusieurs mois, les plus longs de ma vie. J’avais le cœur en miettes.

[b]▬ L'ADOLESCENCE ET MON MARIAGE ARRANGE.[/b]
Certains s’enlaidissent en grandissant, d’autres s’embellissent. Ce fut mon cas. De beauté angélique je devins la femme la plus belle du village. Bientôt, je fus en âge de me marier. Normalement, j’aurais dû l’être bien plus tôt mais l’engouement qu’avaient les hommes pour moi repoussèrent l’échéance. En effet mes parents attendirent d’avoir le plus de propositions possible pour être sûr d’accepter la meilleure, celle qui permettrait de vivre correctement jusqu’à ma mort mais par-dessus tout jusqu’à la leur. Comme mes cinq frères s’étaient mariés, les festivités avaient coûté une somme incroyable à une famille pauvre comme la nôtre. Cette situation me tuait à petit feu : si j’avais pu me laisser mourir pour échapper à ce mariage forcé, je l’aurais fait. Ma vie commençait à peine : j’étais jeune, belle, pleine de vie, prête à gravir des montagnes et faire de grandes choses. Mais non, j’allais épouser un homme plus vieux, faire une portée de gosse dont la moitié terminerait sous la terre et je mourrai à l’âge de quarante ans d’une horrible maladie. Voilà la vie qui m’attendait. Excitant, non ? Les mois qui précédèrent les noces je profitai un maximum de la liberté qu’on ne tarderait pas à m’arracher. Je rencontrai celui qu’on m’avait promis : un homme d’une trentaine d’année avec un ventre proéminent, des cheveux hirsutes et une face porcine. Il sentait l’urine et le bétail et il lui manquait une dent. C’était un homme assez influent ici pourtant, car c’était lui qui possédait le plus de terres et le plus gros bétail. Je m’échappais la nuit en secret pour retrouver Sorin. Depuis peu nous nous voyions de nouveau et nous avions envie de rattraper tout le temps perdu. J’enroulai mes bras autour de son cou et déposai mes lèvres sur les siennes dans un élan passionné. Comme chaque fois que nous nous voyions, nous fîmes l’amour. [color=purple]« Je ne supporterais pas de te savoir dans ses bras. »[/color] souffla-t-il. Je lâchai un petit rire amer. [color=#b55555]« Alors empêche le de me toucher. Sauve-moi. »[/color] Il acquisça et répondis d'une voix douce : [color=purple]« Je sais ce que je vais faire. Tu ne l'épouseras pas. »[/color]

Le jour de mon mariage arriva pourtant. On m’affubla d’une longue robe blanche et marron, la même qu’avait portée ma sœur le jour de ces noces. Assise sur le tabouret en bois, j’attendis patiemment que cette dernière me coiffe en grattant la table avec mes ongles dans un bruit horrible. Elle finit par taper du pied, agacée. Un tic familial. [color=grey]« Tu peux arrêter une minute Eliza ?! Ça me rend folle ! »[/color] J’haussai les épaules et gémis lamentablement. [color=#b55555]« Je vais m’échapper, Tatia. Je ne supporterai pas d’épouser ce porc. »[/color] Elle laissa tomber la brosse et la ramassa, avant de reprendre ses mouvements. [color=black]« Qu’est-ce que tu racontes voyons ? Tu as dix-sept ans, c’est déjà incroyable qu’un homme veuille encore de toi à ton âge. »[/color] J’éclatai d’un rire cristallin. [color=#b55555]« Arrête, j’ai tous les hommes que je veux ! »[/color] Tatia se mit à rire aussi, plus discrètement. Elle m’avait fait une longue tresse un peu large dans laquelle elle avait emmêlé des fleurs et des rubans de soie. [color=black]« Tu es magnifique Eliza. Si tu dois t’enfuir, pars. Mais fais attention à toi. »[/color] Je la serrai dans mes bras et l’embrassai. La vérité, c’était que je n’irais nulle part. Sorin avait disparu de la circulation et je ne l’avais plus revu depuis cette fameuse nuit où il avait promis de m’aider. Il avait certainement quitté la ville, m’abandonnant lâchement à mon sort. Je tenterai de m’enfuir seule, mais je n’avais aucune chance de m’en sortir vivante. Alors j’espérais qu’un miracle me sauve, un miracle ou quelqu’un. Je n’avais pas perdu l’espoir que Sorin débarque d’une minute à l’autre pour m’enlever. Je m’avançai lentement, tête basse. Mon fiancé semblait jubiler, comme en proie à une agitation physique et mentale dont je ne voulais savoir la cause. Au moment même où le prêtre allait nous déclarer mari et femme, un raclement de gorge puissant vint du fond de l’assistance. Je n’eus pas besoin de me retourner pour savoir qu’il s’agissait de Sorin. Je souris et tournai la tête vers lui mais mon sourire, je le perdis bien vite.

[b]▬ FUITE ET DÉCOUVERTE DU MONDE SURNATUREL.[/b]
Quelque chose n’allait pas. C’était Sorin, mais il était différent. Déjà séduisant de nature, sa beauté dépassait tout ce qu’il m’avait été donné de voir. Une beauté à couper le souffle. Tout le monde sembla aussi étonné que moi, bouché bée. Il s’approcha de moi avec une grâce infinie et fascinante, avant de prendre ma main. Sa peau était glacée et je frémis. Ses yeux étaient d’un rouge de sang, obsédants, entêtants. Je ne posai pas de questions, me contentant de le suivre. Il m’entraîna à sa suite, un peu trop rapidement pour mes pauvres jambes qui ne pouvaient suivre son rythme. Derrière nous, ce porc d’homme que j’aurais du épouser hurlait : [color=brown]«  Hé revenez ! »[/color] Il tomba dans la boue et tendit sa grosse main vers nous, enragé. [color=purple]« Il a vraiment l’air d’un cochon qui se roule dans la boue. »[/color] dit Sorin en riant. Quand nous fûmes assez loin et que nous ne vîmes plus personne il s’arrêta et je me courbai en deux, essoufflée. J’éclatai de rire. [color=#b55555]« C’était incroyable ! Comment tu as fait ça ? »[/color] Il releva mon menton avec ses doigts et planta son regard dans le mien. [color=purple]« J’ai changé mon amour. Je t’ai promis de t’aider et celui que j’étais aurait été incapable de le faire. »[/color] Je caressai sa main et fermai les yeux. [color=#b55555]« Tu es tellement parfait. »[/color] Mais bientôt, nous fûmes encerclés. Plusieurs hommes et femmes encapuchonnées nous fixaient avec sérieux ou avec un sourire. Sorin se recula et sourit à son tour. [color=purple]« Eliza, je te présente ceux grâce à qui tu vas mener l’existence que tu as toujours rêvée de mener. »[/color] Je frissonnai et les regardai tour à tour. Ils rivalisaient en beauté, en majesté. L’un d’eux finit par s’approcher de moi, brisant le silence gênant qui perdurait dans la clairière. [color=teal]« Ah, cette fameuse Eliza Oana … Ton compagnon nous a supplié de l’aider, et de t’aider par la même occasion. Ce sera un plaisir d’avoir une femme aussi charmante à nos côtés. Je m’appelle Vladimir, et voici Stefan, Iona … »[/color]

A leurs côtés, j’appris à voir la vie sous un jour nouveau. Ils m’emmenèrent dans leur château et je découvris que nous n’étions pas seuls sur terre. Les vieilles légendes avaient raison, les créatures de la nuit existaient bel et bien. Mais contrairement à ce qu’on disait, elles étaient plus belles que quiconque, plus fortes et avaient des dons incroyables. Assise sur une table en bois, j’observai avec intérêt farouche l’une d’elle qui semblait à peine plus âgée que moi danser pour eux, laissant échapper des traînées de feu de ses mains. Un autre encore était capable de se rendre invisible et s’amusait à apparaître et disparaître pour me rendre folle. Parfois il arrêtait de bouger et je le heurtais de plein fouet. Si vous saviez comme c’est étrange de se prendre quelque chose d’invisible ! C’était honte et ridiculisée que je tombais sur les fesses, devant le regard bienveillant de ceux que je considérais comme ma nouvelle famille. Des vampires. Des tueurs, des buveurs de sang. Mais une famille si soudée, si joyeuse ! Jamais au cours de mon existence je n’aurais pu rêver mieux, ils étaient ceux que j’avais toujours attendus. Sorin ne me touchait plus, craignant de me briser. Mais peu importait pour l’instant, car j’étais à ses côtés. [color=teal]« Ma chère Eliza, tu ne vas pas pouvoir rester humaine éternellement,[/color] m’expliqua un jour Vladimir, [color=teal]il est très difficile pour nous de vivre avec toi. Comprend nous, l’odeur de ton sang est une véritable torture. »[/color] Pour la première fois en un mois, je me rendis compte que je n’avais pas envisagé la possibilité de changer quoi que ce soit. Je vivais un rêve éveillé et il m’avait semblé que ça aurait pu durer des siècles ainsi. [color=#b55555]« Je ne veux pas partir,[/color] m’exclamai-je, [color=#b55555]je t’en supplie Vladimir ! Je n’ai nulle part où aller … »[/color] Il rit un instant et tapota ma tête. [color=teal]« Je ne te parle pas de partir, mais de devenir un vampire toi aussi. »[/color] J’ouvris la bouche pour répondre mais aucun son n’en sortit.

[b]▬ MA SECONDE NAISSANCE. PREMIERS PAS D'UNE NEWBORN.[/b]
Allongée sur mon lit, je tentai de me détendre. Je fixai la femme pour me rassurer et elle caressait ma joue avec bienveillance. Elle m’expliqua que la transformation durerait plusieurs jours, les plus horribles de ma vie. Elle ne chercha pas à me cacher que la douleur était insupportable pour que je n’aie pas de mauvaises surprises. Je la remerciai en pressant sa main dans la mienne, paniquée. [color=skyblue]« Ca va aller. Sorin et vous pourrez vivre ensemble pour l’éternité. »[/color] Je me mordis la lèvre. [color=#b55555]« Iona, vous croyez qu’il m’aimera encore ? »[/color] Elle partit dans un grand rire et approcha ses lèvres de mon oreille, déclarant qu’il m’aimerait plus que jamais. Je dégageai mes cheveux et pris une grande inspiration, résolue. J’aurais aimé que ce soit lui qui s’en occupe mais sa soif de sang était encore trop instable et il risquait de me tuer. Elle embrassa un instant ma peau en signe de courage et je fermai les yeux. Alors ses crocs se plantèrent dans ma chair et je poussai un gémissement de douleur. Tandis qu’elle buvait mon sang, mon cœur fut pris de convulsions et je me tortillai en serrant les couvertures du lit entre mes poings. J’étais incapable de parler, de la supplier de faire quelque chose. Comment allais-je pouvoir supporter ça pendant plusieurs jours ? Je ne pouvais plus faire machine arrière, juste crier et attendre que ça passe, subir ce fléau. Il n’était pas humainement possible de supporter ça … Ça allait me tuer ! Oui, ça allait vraiment me tuer. Cette souffrance serait le dernier souvenir de ma vie d’humaine. Dans quelques heures, je serais forte et belle, je tuerais des hommes, je serais immortelle. Je tentai de me divertir malgré la douleur, repensant à certains passages de ma vie. A tous les moments de bonheur que j’avais partagés avec ma famille, à mes promenades dans la forêt, mes discussions avec mes amies prêt de la rivière, aux yeux bleus de ma sœur, à une chanson que chantait Sorin quand j’avais peur, à l’odeur des fleurs au printemps, au nuages qui défilaient portés par le vent. Au moment où le poison prit possession de cœur, la douleur disparut. J’étais morte, et je me sentais plus en vie que jamais.

Quand j’ouvris de nouveau les yeux, je n’étais pas seule dans la pièce. Sorin était appuyé contre le mur, me fixant avec un sourire non dissimulé bien que quelque peu inquiet. Je levai mes mains à hauteur de mon visage, observai avec attention ma peau pâle. Les passai alors sur mon visage et dans mes cheveux. Il me semblait que mes traits s’étaient encore affinés, mes cheveux adoucis, alourdis. Je posai gracieusement un pied par terre puis l’autre, faisant quelques pas peu assurés. Tout avait une dimension différente quand on était un vampire. J’étais capable de voir le moindre grain de poussière, de capter les bruits alentours, même les plus infimes. Même mon odorat s’était décuplé. [color=#b55555]« C’est incroyable … »[/color] murmurai-je. Incroyable, fantastique, inimaginable, il n’y avait pas d’autres mots pour décrire ça. Je relevai vivement la tête vers Sorin qui eut un mouvement de recul et je m’élançai vers lui, me jetant dans ses bras. [color=purple]« Outch. »[/color] dit-il seulement. Je reculai et le fixai en fronçant les sourcils. [color=#b55555]« Quoi, sérieusement ? Je peux vraiment te battre en combat singulier, maintenant ? »[/color] demandai-je. Il esquissa un sourire contrit et hocha la tête. J’allais lui dire que je l’aimais et le couvrir de compliments, lorsqu’une douleur violente me saisit à la gorge. Je la serrai dans ma main et lançai un regard affolé à mon amant qui ouvrit la porte. [color=purple]« Viens, il faut que tu te nourrisses. »[/color] Je refusai de tuer qui que ce soit mais mon instinct fut plus fort que ma volonté de faire le bien autour de moi. Une fois rassasiée, je serrai la mâchoire et m’éloignai de la scène de meurtre, essuyant du revers de ma main le sang qui coulait sur mon menton. On m’emmena voir Stefan et Vladimir, pour qu’ils puissent contempler le résultat. Arrivés devant eux, je pris la main de Sorin dans la mienne. Aussitôt je ressentis une sensation étrange. Je n’aurais su dire ce qu’il venait de se passer. [color=#b55555]« Deux traits … »[/color] déclarai-je, les yeux écarquillés. 

[b]▬ OU COMMENT HAÏR L’IMMORTALITÉ.[/b]
Après maintes hypothèses, réflexions et débats, nous finîmes par comprendre que mon don servait à évaluer la puissance de celui des autres. Ainsi mon amant avait un pouvoir et nous ne le savions même pas. Il ne paraissait pas très développé, pour n’avoir que deux barres sur dix. On me fit évaluer celui de chacun au château, mais le résultat n’excéda pas les cinq barres sur dix, ce qui me sembla être un très bon niveau déjà.  A ce moment-là, je ne savais pas encore que j’aurais un jour à faire à une huit sur dix qui détruirait mon univers, détruirait tout sur son passage : Jane Volturi. L’immortalité était emplie de promesses et j’avais des milliers de choses à faire sur Terre, à commencer par le voyage. Durant un siècle nous quittâmes les Plovosky pour faire le tour du monde, leur promettant de revenir. Sorin et moi rencontrâmes des vampires venus de partout et d’ailleurs, des loup-garous, des humains extraordinaires … Nous vécûmes notre amour librement et rien ne pouvait nous séparer. Très fusionnels, nous n’avions pas besoin de mots pour nous comprendre quand un regard suffisait. [color=purple]« Eliza … »[/color] commença-t-il un jour. Je posai un doigt sur ses lèvres et acquiesçai. [color=#b55555]« Oui je sais. On rentre. »[/color] terminai-je sereinement. Si je n’avais pas grandi physiquement durant ces cents dernières années, j’avais par contre mûri. J’étais devenue adulte et juste, bien que je garde au fond une âme d’enfant. J’aimais découvrir, apprendre, je m’émerveillais d’un rien et par-dessus tout j’aimais faire la fête. Auprès des Plovosky j’avais tout ce que je voulais. A mesure que nous approchions du château, nous fûmes assaillis par un mauvais pressentiment. Nous hâtâmes le pas, angoissés. Et nous n’avions pas tort, car le château était à feu et à sang. Nous défonçâmes les portes et pénétrâmes dans la grande salle où était en train de se dérouler le carnage. Parmi eux je reconnus Aro Volturi, Aro le vampire d’Italie, accompagné de ses frères Caïus et Marcus.

Le temps qu’on réalise ce qui était en train de se passer, deux vampires saisirent Sorin. Je me jetai sur l’un des deux – une femme - pour aider mon amant et époux car nous nous étions mariés. [color=#b55555]« Ne jamais toucher Sorin devant moi ! »[/color] dis-je avec un sourire carnassier tandis que nous heurtions le sol et roulions plus loin. Mais un autre saisit Sorin qui se débattait en criant et une autre s’approcha de lui. Elle avait l’air d’une enfant, ce qui la rendait d’autant plus terrifiante. En fait, elle semblait à peine plus jeune que moi. Aussitôt l’homme que j’aimais tomba à terre, le souffle coupé. Jane était en train de le tuer. Il planta une dernière fois son regard dans le mien et ses lèvres esquissèrent un [color=purple]« Je t’aime Eliza. »[/color] avant que l’un de ses bourreaux le décapite devant mes yeux. La suite se passa très vite, bien trop vite à mon goût. Jane me tortura à mon tour et Vladimir réussit à m’emmener avec les fuyards alors que j’hurlai de douleur. Nous nous réfugiâmes dans une maison loin du château qui avait appartenue à l’un des membres du clan, avant qu’il ne soit transformé. Par chance il ne l’avait pas cédée, aimant venir y réfléchir dans les moments de doute. Les heures qui suivirent furent les pires de notre vie : nous avions tout perdu. Tout. Personne ne réussit à me toucher ni me parler pendant un moment. Je déchaînais ma colère sur quiconque ne me laissait pas m’enfoncer dans ma tristesse. Sorin était mort. [i]Mort. Mort.[/i] Ce mot se propageait comme un écho dans mon âme. [i]Mort. Mort.[/i] Les Volturi l’avaient tué. Je levai les chaises au-dessus de ma tête et les jetai à travers la pièce, brisai la table d’un simple cou de poing, massacrai la cheminée qui s’effondra. Alors Vladimir me serra dans ses bras et je me laissai aller, poussant des gémissements désespérés qui s’approchaient davantage de l’animosité que l’humanité. [color=teal]« On a tous perdu beaucoup ce soir Eliza. Mais on se vengera, je te le promets. Pour Sorin, et pour tous les autres. »[/color] Comment imaginer vivre pour l'éternité sans celui que j'aimais ? Je m'accrochai aux vêtements de Vladimir.

[b]▬ SE RECONSTRUIRE APRÈS UNE DÉFAITE.[/b]
Seul le temps guérit ma peine. Folle de rage, dévastée, je devins incontrôlable. Mon désir de les tuer les uns après les autres ne fit qu’accroître. Jamais je n’oublierais Sorin, jamais. Personne ne pourrait prendre sa place dans mon cœur. J’avais envie de souffrir pour l’éternité, peu importait tant que son souvenir vivait à mes côtés. Il serait mon courage quand je me tiendrais face aux Volturi, ma force quand je me jetterais sur eux. Il serait ma volonté, mon emblème, mon âme. Au nom de Sorin Plovosky je détruirais tout sur mon passage, réduirait en cendre ceux qui avaient osé lui ôter la vie. J’avais une telle soif de vengeance que plus personne ne m’approcha pendant un moment. Pourtant, le temps m’apaisa. Je gardai cette rage dans un coin de mon esprit, m’efforçant d’avancer. Le dernier cadeau que mon époux m’avait offert était l’immortalité et j’allais l’honorer : hors de question de mourir. Quand je me sentis suffisamment stable psychologiquement, je me présentai devant ceux qui resteraient, à mes yeux et pour l’éternité, les rois du monde des vampires. Ils me sourirent avec bienveillance, sourire que je leur rendis. Depuis combien de temps n’avais-je pas souri ? Cent ans ? Deux cents ? Cinq cents ? Voilà bien longtemps que je n’avais plus conscience du temps qui passait, aveuglée par ma douleur. Je me balançai un peu d’avant en arrière, gênée. [color=#b55555]« Désolée pour les soucis causés. »[/color] finis-je par dire. Stefan balaya ma remarque d’un haussement d’épaule. Iona, debout à ses côtés, s’approcha de moi et m’enlaça. [color=skyblue]« Il n’y a rien de plus douloureux que de perdre la personne qu’on aime. Et ça fait de toi une guerrière redoutable, aujourd’hui. »[/color] Je hochai la tête. [color=#b55555]« On les aura tous, jusqu’au dernier. Et vous, Stefan et Vladimir, vous récupérerez la place qui vous est due. C’est vous les Rois, pas Aro Volturi, par Marcus, pas Caïus. Les Roumains ont toujours été les Rois et il en sera ainsi pour l'éternité. »[/color] Vladimir frappa dans ses mains. [color=teal]« J’adore cette petite ! »[/color] lança-t-il et je me mordis la lèvre, amusée. J’allais faire de ma souffrance ma force.

Ce qu’il y avait de fascinant quand on était immortel, c’était d’assister à l’évolution de la société. Je travaillai un moment avec des architectes qui me montrèrent comme bâtir des cathédrales, m’intéressai aux progrès de la science, de l’astronomie. J’en appris plus sur les différentes religions, sur les guerres romains et grecques, découvris avec un plaisir incommensurable l’antiquité antique. J’eus la chance de côtoyer des philosophes, des hommes de lettre et de pouvoir. En parallèle, je m’entraînai sans cesse au combat avec les autres pour être fin prête à me battre le jour J. J’aimais ma vie. A certains moments elle me semblait fade, vide. Dans ces moments-là je fermais les yeux et je voyais son visage, ses lèvres qui s’étiraient en un sourire provocateur. Il me disait qu’il ne m’abandonnerait jamais. Alors je rouvrais les yeux et j’avançais. Je fus présente lors de la création de la première voiture, du décollage du premier avion, présente lors des guerres humaines auxquels je participai parfois, présente lors de l’invention de l’électricité, de la radio, la télévision, l’ordinateur, présente lors de l’abolition de la peine de mort en Europe, présente en Mai 68, présente lors de la chute du mur de Berlin. Comment pouvait-on s’ennuyer ? La vie était tellement passionnante, réservait tant de surprises. J’aurais aimé que Sorin connaisse ça. J’aurais aimé qu’il tienne ma main, qu’il rit avec moi, j’aurais aimé verser des larmes de joie pour qu’il les essuie. J’aurais aimé que ma sœur Tatia soit là aussi. J’aurais aimé qu’elle voit à travers mes yeux écarlates la joie que m’avait procurée ma fuite, ce que j’avais vécu, que la vie d’une femme ne s’arrêtait pas à son mariage. Je n’avais aucun regrets, je menais ma vie comme je l’entendais. C’était si bon de vivre. [color=skyblue]« Eliza ! Eliza ! Vladimir et Stefan sont partis ! »[/color] cria Iona tandis que je rentrais au château. Je revenais d’un voyage en France. Je laissai tomber mon sac et fronçai les sourcils. [color=#b55555]« Qu’est-ce que tu racontes ? Comment ça, ils sont partis ? »[/color] Elle se tordit nerveusement les mains. [color=skyblue]« Ils vont affronter les Volturi, aux Etats-Unis. Ils ont entendu dire que la famille Cullen avait des différends avec eux et … »[/color] Je la stoppai net. [color=#b55555]« Et ils sont partis sans moi. »[/color] conclus-je froidement.

[b]▬ 2012; 1613 ANS PLUS TARD, ELIZA OU LA RAGE DE VAINCRE.[/b]
Je regrettai que les Volturi n’aient pas été anéantis une bonne fois pour toute, mais finalement ce n’était pas si mal. Au moins je serais là quand ça arriverait. Quand Vladimir et Stefan rentrèrent je n’eus même pas le courage de les insulter comme je m’étais préparée à le faire, tant leur air dépité me fit de la peine. [color=teal]« Il n’y a même pas eu d’affrontement. »[/color] dit Stefan en se laissant tomber dans son fauteuil. Je croisai les bras, amusée. [color=#b55555]« Ça vous apprendra à partir à la chasse aux Vovo sans moi. »[/color] J’avais décidé cette année d’aller au lycée, chose que je n’avais encore jamais faite. Jusqu’à présent, j’avais appris par moi-même ou par l’intermédiaire des autres. Chacun partageait avec moi ses connaissances et c’était une manière comme une autre d’apprendre. Mais j’avais également envie de tenter cette expérience. Si ça ne me plaisais pas, je n’avais qu’à arrêter. Le seul hic, c’était les lentilles de contact qui me faisaient mal aux yeux. Je ne pouvais sciemment pas y aller avec mes yeux rouges si je ne voulais pas effrayer tout le monde. [color=skyblue]« Tu veux que je t’aide à faire tes devoirs, ma petite Eliza ? »[/color] me taquine Iona. Je la bousculai en lui tirant la langue. La jeune femme était devenue ma meilleure amie : sans elle j’aurais pété les plombs. Evidemment j’obtenais les meilleures notes sans  effort, séchai les cours de sport et les visites médicales, veillai à couvrir ma tête quand il y avait trop de soleil. Je m’étais fait des tas de copains avec qui je passais des moments agréables bien que je ne puisse pas passer trop de temps en leur compagnie à cause de l’odeur de leur sang qui m’émoustillait. [color=#b55555]« Fais la maligne, Io. En attendant, mon prof de mathématique est pas mal du tout. »[/color] Elle me bouscula à son tour. [color=skyblue]« Fais gaffe, t’as presque l’air humaine. »[/color] Je pris un air faussement choqué. [color=#b55555]« Humaine, moi ? Plutôt mourir que d’être humaine. L’éternité est si belle. »[/color][/justify]
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eliza-oana (forum twilight)

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