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 halbarad hammer (tales of kahanor)

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Mer 12 Mar - 18:06

On se demande parfois ce qu’aurait été notre vie si on était né ailleurs, dans une autre famille, à une autre époque. On se demande si on aurait été plus heureux, plus aimé, plus riche, plus beau, quel genre de personnes on aurait côtoyé. On se surprend à rêver d’une existence à laquelle on n’aura jamais droit, une existence illusoire qu’on pense vivre la nuit dans nos songes les plus secrets. On ferme les yeux, on se coupe du monde dans lequel on grandit pour devenir souverain d’un univers fantastique dans lequel on contrôle tout, dans lequel on a tout ce que l’on veut. Alors le matin on ouvre de nouveau les yeux et on se pleure notre existence et tous les défauts qu’elle comporte, on se demande pourquoi nous et pas un autre. Pourquoi on vit ? Pourquoi on meurt ? Pourquoi on rit ? Pourquoi on pleure ? Pourquoi, pourquoi, tant de questions auxquelles on ne répond jamais. Toute sa vie on part en quête d’un grand Peut-être, toute sa vie on se demande si on a fait les bons choix, si malgré le fait qu’on n’ait pu choisir l’endroit où l’on naît et l’on grandit, on peut quand même choisir où l'on va. L'humanité souffre et je souffre avec elle. J’ai souvent rêvé que je tombais, si on peut appeler ça un rêve. Ce genre de rêve où tu ne peux te raccrocher à rien, où tout ce que tu penses attraper se brise entre tes doigts. Tu te sens chavirer. Tu as beau hurler, rien n’y fait. Tu as peur, tu te sens minuscule et misérable. J’ai souvent fait ce rêve, aux moments difficiles de mon existence. J'ai pourtant des gens autours de moi qui me tendent la main quand je tombe et qui m'aident à me relever. Alors pourquoi je continue de tomber ?
« Père, regardez, regardez ! » Je crie en agitant mon épée en bois dans tous les sens, faisant mine d’être chevalier. Le Roi rit de bon cœur et les esclaves s’autorisent un sourire. Je mène une enfance bien insouciante dans le château, où je coule des jours paisible. Tous les enfants du Royaume doivent envier ma condition, et moi je n’ai pas à me plaindre. Quoi que je manque toutefois d’enfants de mon âge. Il m’arrive de m’accouder à la fenêtre et regarder la ville en contre-bas, rêveur. Je me demande ce que font les garçons à cette heure-ci, si ils s’amusent à inventer des aventures extraordinaires comme celles que je vis entre les murs du palais, si ils s’imaginent sauver des princesses de monstres terrifiants issus de contes et légendes de Kahanor.  Malgré tout, mes journées ne sont pas de longs jeux interminables. Aux côtés de mes précepteurs, j’apprends l’art de la lecture et de l’écriture, j’apprends l’astronomie et les fondements de la médecine. Je ne suis pas obligé, mais je le désire. Mon père est fier de moi, ma mère pense que c’est une bonne chose. J’apprends aussi à me battre, lentement mais sûrement, afin de devenir un jour un bon chevalier. Ma seule véritable amie au château, c’est Cellie Stormrage. La fille du main du roi. Nous passons beaucoup de temps ensemble, à nous promener dans les jardins et nous raconter les vieilles légendes écoutées la veille au coin du feu. J’adore sa façon de me tenir tête et de me regarder dans les yeux, j’adore sa voix, son sourire, son rire, j’aime tout chez elle. Elle m’est précieuse, bien plus qu’elle ne le pense. Avec elle, j’oublie que je suis seul et que je suis prince, j’oublie mes peines et mes doutes. Je me sens en vie, j’ai réellement la sensation d’exister pour quelqu’un, pour ce que je suis et non ce que je dois être. « Le premier qui arrive au rosier a gagné ! » elle crie. Elle est déjà partie, mais je ne compte pas la laisser gagner. Je m’élance à mon tour en riant, ne me doutant pas un seul instant que bientôt, je n’aurai plus droit à ce genre de jeux innocents. Parce que bientôt, je serai Roi.








Euphemia. Quelques lettres tracées à l’encre de Chine sur un parchemin, des cheveux couleur de feu et un tempérament à la fois explosif et sensible. Qu’est-ce que je peux la détester ! Elle fait tâche, malgré sa grande beauté, sur le tableau parfait qu’est ma vie. Après sa naissance on se détourne un peu de moi, on préfère s’émerveiller de sa façon de faire voleter ses robes quand elle danse, s’émerveiller de sa perfection dans tous les domaines. Bientôt, remuer mon épée devant les yeux de mon père ne suffit plus, et j’en viens à détester cette créature qu’est ma sœur. Elle et moi nous avons un jeu qui consiste à nous faire tous les coups bas possible, à nous mettre des bâtons dans les roues. Nos petits jeux ne sont pas au goût de nos parents qui nous demandent constamment d’arrêter. Cela ne nous empêche pourtant pas d’aller de plus en plus loin, jusqu’à ce que ça tourne mal. « T’es juste une trouillarde Euphemia, je suis sûr que t’oseras pas sortir du château toute seule, sans prévenir personne. » Je déclare calmement, les bras croisés. Je ne pouvais pas savoir qu’elle le ferait. Dans le château, c’est la panique : on vient de la ramener, frigorifiée et en état de choc, entourée d’une vieille cape abimée. Je me prends la punition de ma vie, que, pour une fois, je juge méritée. Le sentiment de culpabilité me ronge, je n’ose pas imaginer ce qui se serait passé si cet homme ne l’avait pas sauvée à temps. La nuit, je vois son corps gisant dans la boue des rues, souillée et déshonorée, qui, tour à tour, implore mon aide et lance que tout est de ma faute. Je me réveille en sueur, haletant. Plus jamais, ô grand jamais, je ne ferai de mal à ma sœur. Après ça, nos relations s’améliorent considérablement et je jure de la protéger quel que soit le prix à payer.
Je me tiens droit, face à mon père et Phineas Stormrage, le père de Cellie. Cette dernière est silencieuse à mes côtés, un peu nerveuse. Je le suis aussi mais j’essaye de ne pas le montrer. Quand ils ont envoyé des gardes nous chercher, nous avons pris peur : avons-nous fait quelque chose de mal ? C’est bien la première fois qu’on est distraits dans une balade dans les jardins et ça ne me dit rien qui vaille. Mon père passe sa main sur son menton et commence avec douceur : « Mes chers enfants, vous n’avez peut-être que quatorze ans, mais le temps passe vite. Votre complicité est touchante, mais c’est également une grande force pour vous. Aussi, Phineas et moi pensons que ce serait une bonne chose qu’au moment venu vous montiez ensemble sur le trône et avons décidé de vous fiancer. » Je lance un regard à Cellie puis regarde de nouveau mon père avant de me courber légèrement. « Bien père. Pouvons-nous nous retirer ? » Il me donne son accord et je sors de la pièce, Cellie sur les talons. J’éclate de rire une fois dehors, à la fois angoissé et content. Je préfère être fiancé à Cellie plutôt qu’à une fille de bonne famille que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam et qui ne m’appréciera que pour mon rang de prince. Nous restons silencieux, à nous regarder et rire un peu, embarrassés. Bien sûr, ça ne sera plus comme avant. Les choses ont changé au moment même où mon père annonçait nos fiançailles. Nous ne sommes plus seulement amis, mais nous sommes promis l’un à l’autre pour l’éternité. « Faisons de notre mieux Halbarad, d’accord ? » J’acquiesce, le regard perdu dans l’immensité du jardin qui s’offre à ma vue par le vitrail. « Nous serons bons et justes comme mon père et ma mère. Nous pouvons y arriver. » Sa main se pose sur mon épaule et elle reste là, à mes côtés, jusqu’à ce que nous nous séparions sans un mot de plus, fatigués et heureux. Sommes-nous encore des enfants ?







Je reçois l’autorisation de me rendre en ville, accompagné de gardes. Nous parcourons les ruelles à cheval, dans nos étoffes sombres. J’ai insisté pour que nous passions le plus inaperçu possible, suite à ce qui est arrivé à Euphemia, ses robes et ses bijoux. Malgré tout, les visages se tournent vers nous dans un mélange de crainte et de respect, d’envie et de haine. Les gens savent à qui ils ont à faire et bien qu’ils aiment le Roi, certains arrivent encore à détester cet homme qui fait de son mieux pour maintenir la paix à Kahanor. Je descends de mon cheval et avance parmi les commerçants qui se ruent vers nous pour nous vendre leurs fruits, leurs légumes et leurs viandes. Je ne sais plus où donner de la tête, il y a trop de mets à voir, à sentir, à savourer. Mon regard est attiré par une crinière blonde, plus loin. Je cligne des yeux, détourne le regard et la regarde encore. Une jeune fille à peine plus âgée que moi sans doute, dont je finis par m’approcher, curieux. Je donne quelques sous à la femme à ses côtés, croque dans la pomme et regarde celle qui doit être sa fille. « Viens-tu de la Capitale ? » je demande. La curiosité est vraiment le pire de mes défauts. J’aimerais tout voir, tout comprendre et tout savoir, ce qui est malheureusement impossible. Elle prend le temps de me parler de ses voyages, de sa vie itinérante. Jusqu’à ce que les gardes me donnent l’ordre de remonter sur mon cheval, un peu brusquement. « Quel est ton nom ? » « Rozenn. » Rozenn, voilà un nom que je n’oublierai pas. Sur le chemin du retour, on m’explique l’urgence de la situation : Cellie est tombée malade, d’un mal virulent qui la cloue au lit, la veille du mariage. Le cœur battant, je trouve la route beaucoup trop longue. Je cours dans les couloirs du château, bousculant ceux qui se trouvent sur mon chemin, jusqu’à sa chambre. J’attrape sa main et on me tire un peu en arrière. « C’est peut-être contagieux. » Je bouscule le médecin et lui lance un regard noir. « Cellie, est-ce que ça va ? » je murmure. Fièvreuse, elle a à peine la force de me regarder. Ce mal soudain et inexplicable marque la fin de nos fiançailles.
Il y a des choses qu’on n’expliquera jamais. Comme ce jour-là, où après avoir rendu visite à Cellie dont l’état ne semble pas s’améliorer, je me rends aux cuisines pour boire du lait chaud avec du miel, que les cuisinières me préparent souvent, en s’occupant de moi comme d’un enfant. Ce n’est pas désagréable, c’est rassurant et chaleureux et j’aime ces moments intimes et simples que je vis avec ces grosses femmes qui ont de l’amour à revendre. Des moments de bonheur qui me font oublier l’espace d’un instant que la vie est plus rude que je ne veux le croire, que Cellie est déchue de sa position de future Reine pour une chose qu’elle n’a pas voulu. Est-ce que je culpabilise ? Certainement. Est-ce que je peux changer quelque chose ? Certainement pas. Nous discutons de tout et de rien, ma peine s’envole. Jusqu’à ce que ce nouvel évènement tragique vienne entacher ma vie, la détruire cette fois. Le bruit des pas dans les couloirs et au-dessus de nous deviennent assourdissants. Il y en a trop, trop de cris, trop de bruits. Je n’aime pas ça. Je salue les cuisinières et m’élance à la suite des gardes, suivant le flot qui se dirige vers la chambre royale. Une panique incontrôlable s’empare de moi, mes jambes se mettent à trembler mais je ne m’arrête pas, car j’ai besoin de savoir. D’être sûr qu’il ne s’est rien passé de grave. Les cris d’une femme que je n’ai encore jamais entendu crier jusqu’à présent, ma mère, viennent bouleverser définitivement le peu d’espoir que j’arrive encore à garder en arrivant au bout du couloir. Elle est à genoux, pleure sur le corps de mon père étendu sur le sol. J’entoure ses épaules de mes bras et tente de la tirer en arrière. « Mère, mère … » je répète, mais rien n’y fait. Ses cris sont une longue plainte déchirante qui font pleurer Cellie et nombre d’esclaves autour. Personne n’a jamais compris ce qui s’était passé. J’essaye d’être fort pour ma mère mais je n’y arrive pas. Je me recroqueville sur moi-même, hurle la nuit dans mes oreillers, ne mange presque plus. J’ai mal. Mal. Mal. Ces mots résonnent dans mon esprit et dans mon corps tout entier, me dévorent de l’intérieur. J’ai peur. Qu’est-ce que je dois faire ? Revenez, père. « Debout Halbarad. Maintenant, c’est vous le Roi. » Je serre la mâchoire et les poings. Maintenant, c’est moi le Roi. « Je serai en bas dans une minute. » je réponds d’une voix vide.



Les premiers temps sont difficiles. Habitants de Kahanor viennent rendre hommage à Halbarad Hammer Premier, ce qui ravive chaque fois la douleur qu’on tente d’enfouir dans nos cœurs. Phineas et ma mère me guident dans les décisions à prendre, car monter sur le Trône aussi prématurément est un vrai coup dur. Pourtant, le temps passant, j’arrive à faire abstraction de ma douleur et peu à peu, je gagne en confiance.  Je suis Roi, à présent. C’est à moi de faire des choix, de guider ce peuple qui pleure la perte d’un Roi bienveillant. Il faut que je sois à la hauteur, comme l’ont été mes ancêtres. Cellie guérit miraculeusement, mais le Conseil refuse que nous nous fiançons de nouveau : trop fragile dit-on, la Reine devra être vigoureuse. Malgré tout, nous apprenons de nouveau à être amis et sa présence me permet de faire de mon mieux, tout comme celle de ma sœur avec qui la hache de guerre est enterrée depuis longtemps à présent. Gouverner Kahanor après mon père n’est pas tâche aisée. La révolte gronde, les Seigneurs pensent que je n’ai pas les épaules pour guider le peuple. Je compte bien leur prouver que j’en suis capable, car j’ai eu le meilleur des modèles. Mais pour ça, je dois leur faire comprendre que j’ai besoin de leur soutien et non de leur offense, et que c’est ensemble et seulement ensemble que nous pouvons maintenir la paix à Kahanor. Je pense sincèrement à prendre pour épouse l’un de leurs filles, afin de m’assurer d’avoir l’alliance d’une de ses familles qui voudrait ma place. « Ne t’en fais pas Halbarad, tu seras un bon souverain. Il n’y a pas de raison que tu échoues, n’est-ce pas ? Tu seras grand, comme ton père. N’en doute jamais, sois bon et juste dans tes décisions. » me répète ma mère quand mon dos se courbe. Je me redresse et acquiesce. Je serai un bon souverain, comme mon père. Dehors, le soleil décline et le ciel se teinte d’orange et de rose. Quand viendra la guerre ? Un frisson me parcourt l’échine. « Je serai un bon Roi. » je murmure.
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Mer 12 Mar - 18:06

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On se demande parfois ce qu’aurait été notre vie si on était né ailleurs, dans une autre famille, à une autre époque. On se demande si on aurait été plus heureux, plus aimé, plus riche, plus beau, quel genre de personnes on aurait côtoyé. On se surprend à rêver d’une existence à laquelle on n’aura jamais droit, une existence illusoire qu’on pense vivre la nuit dans nos songes les plus secrets. On ferme les yeux, on se coupe du monde dans lequel on grandit pour devenir souverain d’un univers fantastique dans lequel on contrôle tout, dans lequel on a tout ce que l’on veut. Alors le matin on ouvre de nouveau les yeux et on se pleure notre existence et tous les défauts qu’elle comporte, on se demande pourquoi nous et pas un autre. Pourquoi on vit ? Pourquoi on meurt ? Pourquoi on rit ? Pourquoi on pleure ? Pourquoi, pourquoi, tant de questions auxquelles on ne répond jamais. Toute sa vie on part en quête d’un grand Peut-être, toute sa vie on se demande si on a fait les bons choix, si malgré le fait qu’on n’ait pu choisir l’endroit où l’on naît et l’on grandit, on peut quand même choisir où l'on va. L'humanité souffre et je souffre avec elle. J’ai souvent rêvé que je tombais, si on peut appeler ça un rêve. Ce genre de rêve où tu ne peux te raccrocher à rien, où tout ce que tu penses attraper se brise entre tes doigts. Tu te sens chavirer. Tu as beau hurler, rien n’y fait. Tu as peur, tu te sens minuscule et misérable. J’ai souvent fait ce rêve, aux moments difficiles de mon existence. J'ai pourtant des gens autours de moi qui me tendent la main quand je tombe et qui m'aident à me relever. Alors pourquoi je continue de tomber ?
[color=#b55555]« Père, regardez, regardez ! »[/color] Je crie en agitant mon épée en bois dans tous les sens, faisant mine d’être chevalier. Le Roi rit de bon cœur et les esclaves s’autorisent un sourire. Je mène une enfance bien insouciante dans le château, où je coule des jours paisible. Tous les enfants du Royaume doivent envier ma condition, et moi je n’ai pas à me plaindre. Quoi que je manque toutefois d’enfants de mon âge. Il m’arrive de m’accouder à la fenêtre et regarder la ville en contre-bas, rêveur. Je me demande ce que font les garçons à cette heure-ci, si ils s’amusent à inventer des aventures extraordinaires comme celles que je vis entre les murs du palais, si ils s’imaginent sauver des princesses de monstres terrifiants issus de contes et légendes de Kahanor.  Malgré tout, mes journées ne sont pas de longs jeux interminables. Aux côtés de mes précepteurs, j’apprends l’art de la lecture et de l’écriture, j’apprends l’astronomie et les fondements de la médecine. Je ne suis pas obligé, mais je le désire. Mon père est fier de moi, ma mère pense que c’est une bonne chose. J’apprends aussi à me battre, lentement mais sûrement, afin de devenir un jour un bon chevalier. Ma seule véritable amie au château, c’est Cellie Stormrage. La fille du main du roi. Nous passons beaucoup de temps ensemble, à nous promener dans les jardins et nous raconter les vieilles légendes écoutées la veille au coin du feu. J’adore sa façon de me tenir tête et de me regarder dans les yeux, j’adore sa voix, son sourire, son rire, j’aime tout chez elle. Elle m’est précieuse, bien plus qu’elle ne le pense. Avec elle, j’oublie que je suis seul et que je suis prince, j’oublie mes peines et mes doutes. Je me sens en vie, j’ai réellement la sensation d’exister pour quelqu’un, pour ce que je suis et non ce que je dois être. [color=SlateBlue]« Le premier qui arrive au rosier a gagné ! »[/color] elle crie. Elle est déjà partie, mais je ne compte pas la laisser gagner. Je m’élance à mon tour en riant, ne me doutant pas un seul instant que bientôt, je n’aurai plus droit à ce genre de jeux innocents. Parce que bientôt, je serai Roi.








Euphemia. Quelques lettres tracées à l’encre de Chine sur un parchemin, des cheveux couleur de feu et un tempérament à la fois explosif et sensible. Qu’est-ce que je peux la détester ! Elle fait tâche, malgré sa grande beauté, sur le tableau parfait qu’est ma vie. Après sa naissance on se détourne un peu de moi, on préfère s’émerveiller de sa façon de faire voleter ses robes quand elle danse, s’émerveiller de sa perfection dans tous les domaines. Bientôt, remuer mon épée devant les yeux de mon père ne suffit plus, et j’en viens à détester cette créature qu’est ma sœur. Elle et moi nous avons un jeu qui consiste à nous faire tous les coups bas possible, à nous mettre des bâtons dans les roues. Nos petits jeux ne sont pas au goût de nos parents qui nous demandent constamment d’arrêter. Cela ne nous empêche pourtant pas d’aller de plus en plus loin, jusqu’à ce que ça tourne mal. [color=#b55555]« T’es juste une trouillarde Euphemia, je suis sûr que t’oseras pas sortir du château toute seule, sans prévenir personne. »[/color] Je déclare calmement, les bras croisés. Je ne pouvais pas savoir qu’elle le ferait. Dans le château, c’est la panique : on vient de la ramener, frigorifiée et en état de choc, entourée d’une vieille cape abimée. Je me prends la punition de ma vie, que, pour une fois, je juge méritée. Le sentiment de culpabilité me ronge, je n’ose pas imaginer ce qui se serait passé si cet homme ne l’avait pas sauvée à temps. La nuit, je vois son corps gisant dans la boue des rues, souillée et déshonorée, qui, tour à tour, implore mon aide et lance que tout est de ma faute. Je me réveille en sueur, haletant. Plus jamais, ô grand jamais, je ne ferai de mal à ma sœur. Après ça, nos relations s’améliorent considérablement et je jure de la protéger quel que soit le prix à payer.
Je me tiens droit, face à mon père et Phineas Stormrage, le père de Cellie. Cette dernière est silencieuse à mes côtés, un peu nerveuse. Je le suis aussi mais j’essaye de ne pas le montrer. Quand ils ont envoyé des gardes nous chercher, nous avons pris peur : avons-nous fait quelque chose de mal ? C’est bien la première fois qu’on est distraits dans une balade dans les jardins et ça ne me dit rien qui vaille. Mon père passe sa main sur son menton et commence avec douceur : [color=DarkgoldenRod]« Mes chers enfants, vous n’avez peut-être que quatorze ans, mais le temps passe vite. Votre complicité est touchante, mais c’est également une grande force pour vous. Aussi, Phineas et moi pensons que ce serait une bonne chose qu’au moment venu vous montiez ensemble sur le trône et avons décidé de vous fiancer. »[/color] Je lance un regard à Cellie puis regarde de nouveau mon père avant de me courber légèrement. [color=#b55555]« Bien père. Pouvons-nous nous retirer ? »[/color] Il me donne son accord et je sors de la pièce, Cellie sur les talons. J’éclate de rire une fois dehors, à la fois angoissé et content. Je préfère être fiancé à Cellie plutôt qu’à une fille de bonne famille que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam et qui ne m’appréciera que pour mon rang de prince. Nous restons silencieux, à nous regarder et rire un peu, embarrassés. Bien sûr, ça ne sera plus comme avant. Les choses ont changé au moment même où mon père annonçait nos fiançailles. Nous ne sommes plus seulement amis, mais nous sommes promis l’un à l’autre pour l’éternité. [color=SlateBlue]« Faisons de notre mieux Halbarad, d’accord ? »[/color] J’acquiesce, le regard perdu dans l’immensité du jardin qui s’offre à ma vue par le vitrail. [color=#b55555]« Nous serons bons et justes comme mon père et ma mère. Nous pouvons y arriver. »[/color] Sa main se pose sur mon épaule et elle reste là, à mes côtés, jusqu’à ce que nous nous séparions sans un mot de plus, fatigués et heureux. Sommes-nous encore des enfants ?







Je reçois l’autorisation de me rendre en ville, accompagné de gardes. Nous parcourons les ruelles à cheval, dans nos étoffes sombres. J’ai insisté pour que nous passions le plus inaperçu possible, suite à ce qui est arrivé à Euphemia, ses robes et ses bijoux. Malgré tout, les visages se tournent vers nous dans un mélange de crainte et de respect, d’envie et de haine. Les gens savent à qui ils ont à faire et bien qu’ils aiment le Roi, certains arrivent encore à détester cet homme qui fait de son mieux pour maintenir la paix à Kahanor. Je descends de mon cheval et avance parmi les commerçants qui se ruent vers nous pour nous vendre leurs fruits, leurs légumes et leurs viandes. Je ne sais plus où donner de la tête, il y a trop de mets à voir, à sentir, à savourer. Mon regard est attiré par une crinière blonde, plus loin. Je cligne des yeux, détourne le regard et la regarde encore. Une jeune fille à peine plus âgée que moi sans doute, dont je finis par m’approcher, curieux. Je donne quelques sous à la femme à ses côtés, croque dans la pomme et regarde celle qui doit être sa fille. [color=#b55555]« Viens-tu de la Capitale ? »[/color] je demande. La curiosité est vraiment le pire de mes défauts. J’aimerais tout voir, tout comprendre et tout savoir, ce qui est malheureusement impossible. Elle prend le temps de me parler de ses voyages, de sa vie itinérante. Jusqu’à ce que les gardes me donnent l’ordre de remonter sur mon cheval, un peu brusquement. [color=#b55555]« Quel est ton nom ? »[/color] [color=Green]« Rozenn. »[/color] Rozenn, voilà un nom que je n’oublierai pas. Sur le chemin du retour, on m’explique l’urgence de la situation : Cellie est tombée malade, d’un mal virulent qui la cloue au lit, la veille du mariage. Le cœur battant, je trouve la route beaucoup trop longue. Je cours dans les couloirs du château, bousculant ceux qui se trouvent sur mon chemin, jusqu’à sa chambre. J’attrape sa main et on me tire un peu en arrière. [color=blue]« C’est peut-être contagieux. »[/color] Je bouscule le médecin et lui lance un regard noir. [color=#b55555]« Cellie, est-ce que ça va ? »[/color] je murmure. Fièvreuse, elle a à peine la force de me regarder. Ce mal soudain et inexplicable marque la fin de nos fiançailles.
Il y a des choses qu’on n’expliquera jamais. Comme ce jour-là, où après avoir rendu visite à Cellie dont l’état ne semble pas s’améliorer, je me rends aux cuisines pour boire du lait chaud avec du miel, que les cuisinières me préparent souvent, en s’occupant de moi comme d’un enfant. Ce n’est pas désagréable, c’est rassurant et chaleureux et j’aime ces moments intimes et simples que je vis avec ces grosses femmes qui ont de l’amour à revendre. Des moments de bonheur qui me font oublier l’espace d’un instant que la vie est plus rude que je ne veux le croire, que Cellie est déchue de sa position de future Reine pour une chose qu’elle n’a pas voulu. Est-ce que je culpabilise ? Certainement. Est-ce que je peux changer quelque chose ? Certainement pas. Nous discutons de tout et de rien, ma peine s’envole. Jusqu’à ce que ce nouvel évènement tragique vienne entacher ma vie, la détruire cette fois. Le bruit des pas dans les couloirs et au-dessus de nous deviennent assourdissants. Il y en a trop, trop de cris, trop de bruits. Je n’aime pas ça. Je salue les cuisinières et m’élance à la suite des gardes, suivant le flot qui se dirige vers la chambre royale. Une panique incontrôlable s’empare de moi, mes jambes se mettent à trembler mais je ne m’arrête pas, car j’ai besoin de savoir. D’être sûr qu’il ne s’est rien passé de grave. Les cris d’une femme que je n’ai encore jamais entendu crier jusqu’à présent, ma mère, viennent bouleverser définitivement le peu d’espoir que j’arrive encore à garder en arrivant au bout du couloir. Elle est à genoux, pleure sur le corps de mon père étendu sur le sol. J’entoure ses épaules de mes bras et tente de la tirer en arrière. [color=#b55555]« Mère, mère … »[/color] je répète, mais rien n’y fait. Ses cris sont une longue plainte déchirante qui font pleurer Cellie et nombre d’esclaves autour. Personne n’a jamais compris ce qui s’était passé. J’essaye d’être fort pour ma mère mais je n’y arrive pas. Je me recroqueville sur moi-même, hurle la nuit dans mes oreillers, ne mange presque plus. J’ai mal. Mal. Mal. Ces mots résonnent dans mon esprit et dans mon corps tout entier, me dévorent de l’intérieur. J’ai peur. Qu’est-ce que je dois faire ? Revenez, père. [color=Olive]« Debout Halbarad. Maintenant, c’est vous le Roi. »[/color] Je serre la mâchoire et les poings. Maintenant, c’est moi le Roi. [color=#b55555]« Je serai en bas dans une minute. »[/color] je réponds d’une voix vide.



Les premiers temps sont difficiles. Habitants de Kahanor viennent rendre hommage à Halbarad Hammer Premier, ce qui ravive chaque fois la douleur qu’on tente d’enfouir dans nos cœurs. Phineas et ma mère me guident dans les décisions à prendre, car monter sur le Trône aussi prématurément est un vrai coup dur. Pourtant, le temps passant, j’arrive à faire abstraction de ma douleur et peu à peu, je gagne en confiance.  Je suis Roi, à présent. C’est à moi de faire des choix, de guider ce peuple qui pleure la perte d’un Roi bienveillant. Il faut que je sois à la hauteur, comme l’ont été mes ancêtres. Cellie guérit miraculeusement, mais le Conseil refuse que nous nous fiançons de nouveau : trop fragile dit-on, la Reine devra être vigoureuse. Malgré tout, nous apprenons de nouveau à être amis et sa présence me permet de faire de mon mieux, tout comme celle de ma sœur avec qui la hache de guerre est enterrée depuis longtemps à présent. Gouverner Kahanor après mon père n’est pas tâche aisée. La révolte gronde, les Seigneurs pensent que je n’ai pas les épaules pour guider le peuple. Je compte bien leur prouver que j’en suis capable, car j’ai eu le meilleur des modèles. Mais pour ça, je dois leur faire comprendre que j’ai besoin de leur soutien et non de leur offense, et que c’est ensemble et seulement ensemble que nous pouvons maintenir la paix à Kahanor. Je pense sincèrement à prendre pour épouse l’un de leurs filles, afin de m’assurer d’avoir l’alliance d’une de ses familles qui voudrait ma place. [color=Violet]« Ne t’en fais pas Halbarad, tu seras un bon souverain. Il n’y a pas de raison que tu échoues, n’est-ce pas ? Tu seras grand, comme ton père. N’en doute jamais, sois bon et juste dans tes décisions. »[/color] me répète ma mère quand mon dos se courbe. Je me redresse et acquiesce. Je serai un bon souverain, comme mon père. Dehors, le soleil décline et le ciel se teinte d’orange et de rose. Quand viendra la guerre ? Un frisson me parcourt l’échine. [color=#b55555]« Je serai un bon Roi. »[/color] je murmure.
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