Bryden accepta avec plaisir le bras tendu pour passer le sien dessous. Elle se moquait bien d’avoir l’air bête, pieds nus, puisque Faye faisait la même chose. Ce soir-là, la blondinette avait l’impression de redécouvrir son ancienne amie-ennemie, d’en apprendre plus sur elle qu’en vingt-huit ans. A moins qu’elle ne se joue d’elle, et que tout ce qu’elle faisait en cet instant n’était qu’un nouveau moyen de l’atteindre après des années d’indifférence. Mais Bryden ne pouvait pas croire Faye aussi machiavélique que cela, c’était tout bonnement impossible. Quelle raison aurait-elle de vouloir la détruire davantage, alors que tout lui réussissait dans la vie ? La mécanicienne décida de laisser de côté ses doutes qu’elle aurait tout le temps de ressasser une fois dans son lit pour profiter de l’instant présent. Elles s’éloignèrent peu à peu du seul lieu de vie encore occupé à cette heure et s’enfoncèrent dans les ruelles plus sombres, seulement éclairées par les lampadaires grésillant aussi vieux que la ville de Redwood, dans un silence total. Bryden se sentait bien ; aucun mot n’était nécessaire tandis qu’elles marchaient, perdues dans leurs pensées. Pensées desquelles la jeune femme fut arrachée plutôt brusquement lorsque Faye s’arrêta de nouveau pour se blottir contre elle. Son cœur bondit une fois encore dans sa poitrine ; jamais elle ne s’habituerait à ces contacts inopinés. Elle l’écouta sans broncher, évaluant le moment où Faye éclaterait de rire et lui dirait que c’était une blague. Mais non, Faye n’éclata pas de rire et Bryden rougit violemment.